Fabienne STADNICKA
Ce qui
attire en premier lieu, dans les travaux de Fabienne Stadnicka, c’est le
support qu’elle utilise : de la tôle rouillée. Ces tôles, rebus de notre
société industrielle, laissées à l’abandon à l’agression des éléments naturels,
ont été mangées par la rouille. Elles sont ensuite découpées ou plus exactement
déchiquetées selon l’utilisation qu’elle compte en faire.
Lointaine
héritière du groupe Support-Surface, Fabienne sort du cadre, le temps a fait
son œuvre, il a mangé le métal, lui a donné une découpe aléatoire. Une revanche
des éléments naturels sur ce produit industriel qui a connu une si grande
diffusion. Il devient ainsi la mémoire du temps qui passe.
C’est
donc ce rebus qui va lui servir de support, donnant une sensualité aux corps
nus qu’elle y peint en leur apportant la tonalité chaude de la rouille.
Contrairement au support usé par le temps, les corps sont palpitants de vie,
ils figent dans le temps tout ce qui en fait la beauté, les jambes, les fesses,
les seins… des corps qui sont destinés à ne pas subir les outrages du temps.
Ils ondulent au rythme des ondulations de la tôle. Les effets de la lumière et
du mouvement du spectateur finissent de donner vie aux corps fixés dans la
rouille. Parfois les corps sont, eux aussi, comme mangés par les effets du
temps, comme si nous découvrions des vestiges d’un temps passé.
Fabienne
Stadnicka met plus en avant son support, c’est le temps qui passe qui le
façonne, mais c’est son intervention qui le transforme en œuvre d’art.
Beauté
éternelle, vie éternelle, c’est très humain, mais le temps nous rattrape
toujours, il nous mange comme la rouille mange la tôle.
En
attendant, laissons nous emporter par l’émotion que peut susciter un corps,
comme d’autres pourront le faire dans les temps à venir. Ça, c’est immuable.
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