vendredi 18 décembre 2015

FLORENCE VASSEUR : LE PLAISIR DE PEINDRE (Lucien Ruimy)

Florence Vasseur allie une grande virtuosité que l’on découvre notamment avec ses dessins avec un choix chromatique aux tons sombres et aux couleurs terreuses, ocres rouge, vert… Mais dans les deux cas, s’il s’agit de figurations ce ne sont pas les sujets qui dominent, mais le trait, le geste ou la peinture ; « ne jamais être prisonnier de l’image », nous dit-elle.
Car pour elle il y a avant tout, le plaisir de peindre. Derrière la gestuelle apparente, il y a un travail en couches successives, en transparences.
Florence Vasseur se laisse porter par un cheminement des gestes, de la couleur, par le plaisir de peindre. Ce qui donne à ses travaux une forte authenticité, malgré le côté énigmatique des scènes qu’elle nous propose.
Mêmes ses dessins gagnent en force par les accumulations de traits qui leur donnent une vie intérieure, une force peu commune.
C’est par la peinture que Florence Vasseur voyage dans un univers abstrait qui nous transporte dans sa rêverie, dans son univers mental.

Il y a là une poésie, hors du temps, que même les affres de la vie n’atteint pas. Florence Vasseur est dans sa bulle de sensibilité et peindre, dessiner est sa manière à elle de nous la faire partager.

VALÉRIE ANDRIANTSIFERANA : UN CRI DE COULEUR ! (Yannick Lefeuvre)

Sur fond grisâtre, une tension visuelle entre un masque bariolé de couleurs vives et une bourgeoise en tailleur gris opacifie le propos autant qu'il l'élague dans sa monstration.
Une simplicité qui nous complique la pensée s'affiche avec une force visuelle inattendue. Notre regard hésite car sa proposition contrecarre une logique esthétique attendue. Visage fermé par le masque, corps sanglé par le tailleur, le haut coloré et le bas grisé sur fond gris, elles s'affichent en haute couture.
Déesses de fait surgies de l'entre deux des violences peinturlurées de guerrier samouraï et de femme du monde chanel figée. Avec cette provocation finement construite voire élégante, elle nous subvertit la pensée ou nous relie à d'autres plus graves.

S'il y a des liens possibles, ce sera avec les autres cultures qui expriment les violences humaines par le masque … voire la mort tout autant où les masques mortuaires cherchent à la symboliser.
Dans la vie, il y a violence à gérer tout autant que violence subie. Pour ce dire, elle choisit les tréfonds de l'imaginaire et nous laisse pantois à trouver des mots pour saluer son travail pictural insoumis.

jeudi 17 décembre 2015

CHRISTOPHE BLANC : LA PEINTURE MÉMOIRE (Lucien Ruimy)

Ils sont là, vêtus de leur seule peau de peinture terreuse. Ils émergent de la toile comme s’ils venaient de sortir de la vase originelle. La peinture est dense, épaisse, travaillée en couches successives qui creusent et marquent la peau.
La texture de la peinture est par ses strates comme une archéologie de la mémoire. La mémoire de la peinture et la mémoire des personnages dont la peau garde les traces des coups de la vie.
Les personnages de Christophe Blanc sont des morceaux d’humanité, par leur présence ils nous questionnent sur ce que nous faisons de notre monde, de notre vie. Il va au plus profond de nous et d’eux-mêmes.
Il n’y a là aucun récit, ce qui apparaît, c’est l’être humain sans fioritures, ordinaire et porteur sur sa peau, son visage et son regard de toute son histoire en tant qu’individu mais aussi comme un fragment d’humanité. Ils nous font face, ne fuient pas notre regard, ils nous appellent à partager leur humanité.

Seuls ou en groupe, assis dans des fauteuils fatigués, en chorale ou en beuverie c’est le regard plein de compassion, de tendresse ou d’ironie que porte Christophe sur lui et sur nous.


mardi 15 décembre 2015

DANIELLE BURGART : LA FRAGILITÉ DE L’ÊTRE (Lucien Ruimy)

Le corps qui parle, qui exprime la force, le temps qui passe, le désir. Toutes les émotions que peut susciter un corps d’homme ou de femme, Danielle Burgart  veut nous les faire ressentir.
Les corps sont placés dans un univers parfois étrange, abstrait ou dénué de sens. Un environnement qui met en valeur  les personnages ainsi mis en scène.
Le corps comme reflet de l’âme. Qui porte en lui la marque du temps, la volupté de la peau, les marques des caresses et atteint ainsi sa plénitude.
Pour le mettre en avant, Danielle Burgart fait disparaître les visages ou les remplace par des têtes de rapaces. Mettant ainsi en opposition un mental, une culture prédatrice avec la fragilité de l’être humain. Son isolement face au monde qui nous entoure. La fragilité de l’humanité, des êtres humains est liée à l’enveloppe charnelle qui est éphémère. C’est pourquoi ses corps sont un appel à la vie, à en user tant qu’elle palpite, respire.

Seule la pensée subsiste. C’est par elle que Danielle Burgart fait vivre ses personnages au-delà de leur propre vie.

JULIEN WOLF : L’ÉTERNEL ADOLESCENT (Lucien Ruimy)

Il a comme poussé trop vite, avec l’air d’être toujours ailleurs, un look dégingandé, un sourire chaleureux, font que Julien a toujours l’air d’un adolescent malgré sa bonne trentaine.
Dans son travail pictural, tous ces éléments se retrouvent.  Il y a là une énergie, une force sourde qui s’exprime par des personnages burlesques ou inquiétants qui ne font que faire ressentir le désarroi de Julien face au tourbillon de la vie et au monde qui nous entoure avec sa violence permanente.
Ces personnages lancent un appel à l’aide, un cri d’alarme. Ils sont ainsi un espoir, une façon de refuser l’écrasement, même s’ils sont cernés par des masses de peintures terreuses, ils essaient de sortir de cette gangue cassée parfois par des hachures de couleurs vives. Ils se regroupent, se contorsionnent, montrent les dents… Prêts à l’action, ils ne se laisseront pas faire.
Quand Julien peint, même si le résultat final laisse à penser à une peinture rapide et désordonnée, il doute en permanence, les repentirs sont nombreux, il y a des dizaines d’essais avant le résultat final. C’est cette recherche qui donne le dynamisme de ses toiles.

Mais la mise en scène de cette farce est aussi tournée en dérision par l’aspect enfantin de son style et les titres de ses tableaux (« Coucou », « S’faire une toile », « Tu veux une friandise »). Derrière ce déguisement, Julien nous questionne sur le monde. Il exprime une forte sensibilité, un appétit féroce de la vie.