jeudi 23 mai 2013

FRANÇOIS BRESSON : UNE PATTE (Lucien Ruimy)

François BRESSON

Ce qui marque au premier regard, c’est la sensualité de la peinture. On sent le plaisir de peindre. D’étaler dans des gestes fluides ou nerveux. Ses personnages même s’ils sont clairement identifiés sont en mouvement grâce gestuelle de l’artiste, il leur a ainsi donné une singularité qui trouble le regard. Les couleurs sourdes contribuent à l’aspect énigmatique des scènes.

Son but est clair troubler le spectateur, l’obliger à aller au-delà de la scène qu’il croit entrevoir, reconnaître. L’objet de ce que l’on voit ce n’est pas la scène décrite, l’objet, c’est la peinture. François veut nous faire perdre les codes, il déstructure, il floute, il veut que nous rentrions dans la texture même de la peinture, la gestuelle n’est là que pour en montrer la force pigmentaire, la suavité huileuse et la lumière intérieure qui en ressort.

Il nous faut ensuite reconstruire la scène, retrouver les références à la peinture ancienne à laquelle il fait allusion dans ses toiles, à laquelle il rend hommage tout en lui donnant avec force une nouvelle jeunesse.

Il ne s’agit pas de plagiat, de manque d’imagination, mais au contraire l’affirmation d’une grande confiance de l’artiste à se confronter aux maîtres du passé.
A la croisée des chemins vers une peinture sortie des ténèbres et de la confusion, la peinture de François Bresson promet beaucoup.

THOMAS DUSSAIX : ENTREE EN MATIERE ! (Yannick Lefeuvre)

 Nous soupçonnons qu'il y a d'autres mondes.

Pour y entrer, il est riche de sens de se demander quel seuil franchir.
Depuis l'aube des temps, les hommes ont cherché les portes.
L'artiste, avec les gestes précis d'une archéologue amoureux creuse la matière noire.
Ainsi, il libère visuellement le possible.
Il reste à tracer la juste forme, le bon cadre, les lignes de force
afin de franchir les seuils avec confiance.

 Nul besoin d'exercices compliqués, la complexité est à portée de regard.
Il va au gré des balades fructueuses reconnaître les arches que les hommes
ont conçues. Une fois celles-ci trouvées, il en retrace l'itinéraire, le processus.
Il en reprend la démarche pas à pas tranquillement.
Durant ce lent travail, les pensées libérées seront le véhicule
sur lequel il s'envolera vers les rivages inconnus.
 Mais tout à coup, les perspectives s'inversent, tout ce qui fut appris

se démantèle et les certitudes s'estompent.
Une nouvelle liberté prend son envol.
L'artiste comprend qu'une porte vient d'être franchie.
Il est utile d'aller en confiance.

 L'intuition, les signes fugaces, le souffle deviennent des alliés fidèles.

Le jeu mesuré et sensuel de la joute entre le blanc et le noir commence.
Intérieur, extérieur et entre-deux, les repères simples suffisent pour
entendre la peau de la toile sur laquelle les doigts s'agitent, vibrer.
S'il y a lumière qui dévoile, elle sera intérieure.
S'il y a obscurité qui cache, elle sera extérieure.

C'est simple comme bonjour.

La tension créée par les pôles ainsi déterminés libère le souffle de la vie.
Ce sera la quête attentive des équilibres où l'information est à l'exacte lieu
du temps qui s'installe. Le temps se situe aussi à ce point précis où la ligne surgit.
De la rencontre entre blancheur et noirceur naîtra le trouble.
Il est possible que le public attentif soit à l'heure et au lieu du rendez-vous !