jeudi 7 mars 2013

ERICK LEPRINCE : LAISSER UNE TRACE (Lucien Ruimy)

N’oublies pas demain c’est l’ouverture de la pêche, m’a dit Erick Leprince avant de nous séparer suite à ma visite à son atelier. Erick est un amoureux de la nature, et un pêcheur invétéré. Il pêche et peint les poissons avant de les manger. L’œil, puis la bouche, le plaisir des sens.

Son regard sur la nature est celui d’un spectateur émerveillé. L’artiste cherche à s’en approcher et à nous faire ressentir cet émerveillement.
Les poissons donc, mais aussi les oiseaux ; les paysages les plus divers, mais surtout ceux des bords de l’eau. Enfin les plantes, les fruits ; les tournesols et les citrons l’emportent.
Mais si son travail est essentiellement figuratif, il y a dans sa façon de peindre des fonds abstraits et la représentation figurative est souvent nerveuse, très gestuelle proche elle aussi de l’abstraction et le contraste avec des dessins extrêmement soignés est saisissant.
Erick Leprince rempli des carnets de dessins à la plume qu’il utilise ensuite pour créer des tableaux. Il y a là une base très riche, épurée et forte.

Avec un nom comme Leprince, on n’est pas loin du trône, avec humour Erick peint aussi des rois sans royaume, sans peuple à pressurer, ce sont bien sûr des rois pêcheurs.
 L’autre passion d’Erick, c’est l’art africain, là il  est intarissable, avec un grand plaisir il montre quelques éléments de sa collection, explique la fonction de tel ou tel masque ainsi que les traces du travail des sculpteurs. Cela l’a conduit à partir d’anciennes photos d’Afrique reproduite sur toile à y lancer de grands coups de pinceaux de couleurs vives.
Il est à la recherche d’une cohérence picturale face à l’incohérence du chaos du monde qui détruit cette nature qu’il aime tant. Ses vanités sont bien sûr là pour nous rappeler  à plus de modestie face au monde qui nous entoure, «une esquisse de réflexion sur notre vie, notre travail », nous dit-il.
Laisser une trace de notre monde, de notre passage sur Terre.