mercredi 22 octobre 2014

COMMANDEZ VIVRE L'ART MAGAZINE N°2

Merci à Eric Meyer pour son projet de couverture pour le deuxième livre des articles publiées dans notre blog Vivre l'Art Magazine depuis la sortie du premier livre
Cela fait maintenant trois ans que nous avons lancé le blog « Vivre l’Art Magazine ». Un blog d’art actuel pour dire nos rencontres, nos coups de cœur. Près de 150 articles qui ont reçu au total près de 55.000 visites et ce, simplement du bouche à oreille, sans campagne de communication.
En septembre 2013 nous avions publié un premier livre des articles parus. Devant l’accueil plus que chaleureux fait à ce premier livre, nous avons décidé de faire paraître ce deuxième livre.
Nous vous proposons dans ce deuxième opus 34 artistes. Des textes de Yannick Lefeuvre, Thierry Gaudin, Sandra Detourbet, Christian Noorbergen, Arthur Haase, Hugues Bourgeois, Eric Meyer, Stéphane Arrondeau, Michel Foucault et Lucien Ruimy.
Les artistes que nous vous présentons sont des travailleurs acharnés de leur art, ils sont une partie du tissu artistique de notre société. Ce sont les fleurs sensibles qui captent toutes les émotions de notre monde. Faites-leur un bon accueil.
                                                                                                              Lucien Ruimy

Les artsites présentés : Arrondeau Stéphane, Art de rue, Bandrier Florence, Baranek Anna, Basseville Édith, Bihoreau Willy, Blondeau Xavier, Boulay Sarah, Carlotta, Chauchereau Alexandra, De Saint Rémy  Albane, Detourbet  Sandra, Eguizabal Amaya, Favre Nicolas, Gasiorowski Nicolas, Héraud Corinne, Lachize Christophe, Laloy Pascal, Lemerle Élodie, Lesaffre Laetitia, Marieff, Moriwaki Glen, Palombit Marie-Christine, Paumelle Sandrine, Roty Michel, Ruimy Lucien, Saintonge Romain, Sandillon Élisabeth, Silveberg Djan, Stadnicka Fabienne, SylC, Temim Michel, Tsurudome Naoko, Von Wrede Elisabeth.


Souscription
Vous avez la possibilité de commander le livre avant parution et de bénéficier d'un prix réduit de 27 € (au lieu de 30€) ou d'avoir des exemplaires gratuits.

Les frais de port sont offerts.
pour souscrire cliquez sur le lien suivant :
http://www.lelivredart.com/vam2.html

lundi 13 octobre 2014

GERALD MAINIER : LA FLUIDITE PICTURALE (Hugues Bourgeois) « Ach wie flüchtig, ach wie nichtig… » cantate BWV 26 (Ah ! combien fugitive, ah combien vaine est la vie de l’homme…)

Parler de la peinture de Gérald Mainier ne va pas de soi. Pour lavoir rencontré, lengagement et la sensibilité forcent le respect. Le choix des mots est difficile. Jai choisi de parler de cette toile avec laquelle je vis depuis quelques années.
Lhumanité du sujet simpose sans que la technique picturale interfère, la toile est toute entière dédiée à donner vie au sujet, sans aucune complaisance, avec une économie de moyens, notamment chromatiques. Deux notions reviennent, force et fragilité. Cette force de lhomme de foi, de lhomme sans toit, ceux qui vivent de rien, et qui plantent leur regard dans le vôtre, en y injectant une dose de spiritualité ou de précarité.
Cette toile nous interroge à la croisée des chemins dune société clivée. Elle questionne aussi sur la foi, ce en quoi nous croyons, jusquoù sommes nous prêts à aller. Là, la peinture puise sa force dans la gamme des bruns sombres qui convoquent le saint extatique dune toile espagnole, et dans linstantané dun déséquilibre, de cette tête en arrière, inclinée sur la gauche les yeux mi clos. La fluidité de la touche m’évoque la terrible photo de ce militant cambodgien tué dune balle dans la tête à bout portant. Aujourdhui, la violence sociétale a pris le pas, et cette toile nous rappelle que dans cette société, malgré tout, nous sommes fragiles, emportés dans le torrent de la vie, « Ach wie flüchtig, ach wie nichtig… 

La peinture continue après la mort de cet homme fragile qui nest plus quun crâne en équilibre instable, dérisoire, posé à lenvers sur son sommet, et puis le calcium se dilue sur la toile, étape ultime de la disparition. Alors, après cette gravité de l’être, il est aussi le peintre de grands formats où il célèbre la nature et la couleur du Jura, terre de cascades et de rivières. Et là, lhumanité a disparu, ou plutôt nest pas encore apparu. Ce sont des toiles pleines de couleurs et de silences dun monde à recréer.


jeudi 25 septembre 2014

STÉPHANIE LUDET : L'INFLUENCE QU'UNE OEUVRE APPORTE DANS LA VIE DE L'ARTISTE (Sandra Detourbet)

Chez Albert Marquet, la lumière est un facteur décisif pour ses mouvements géographiques. C’est à Lodève, lors d’une rétrospective sans précédent que j’ai pu distinguer nettement les peintures de Sète de celles peintes en Algérie ou de celles peintes à Paris.
Il en va de même pour les autoportraits de Schoenberg que le compositeur effectua dans le délire de la souffrance. Exorcisant une trahison insoutenable, cette série m’a frappée par la profonde nécessité d’apaisement d’un tourment insurmontable.
Si je pense à ces deux hommes particuliers devant les dernières peintures de Stéphanie Ludet, c’est qu’ il en va de même pour le parcours géographique et sentimentale de cette artiste.
Son œuvre porte sa vie.
Son enracinement pictural renoue une immense fragmentation. Chez cette peintre, le voyage est total. Tant par la trace évidente d’un héritage européen, emprunt de figures ferventes aux courbes préraphaélites, que par l’imprégnation culturelle qu’engendre chacun de ses voyages. Dés sa prime enfance, il était rare quelle séjourne plus de 3 années consécutives dans un même pays. Et cet enchantement s’est poursuivi, au delà de son enfance. Cette « Madre » aux passions rupestres est accompagnée de sa famille aux 3 visages, 1 père et 2 filles. Nous les retrouvons ici imbriquées par un philtre indescriptible dans un registre sculptural remontant à la nuit des temps ...
Je prends le temps suffisant, je prends le recul nécessaire pour me plonger au cœur de la vie, celle d’une artiste sans demie mesure et dont l’appétit et la vitalité me terrasse.
Son tout premier atelier et seul véritable point d’encrage, je l’avais découvert au premier étage d’un mas perdu au fin fond des Cévennes. Une belle pièce en désordre. Un désordre retrouvé intact d’été en été tout le temps de son enfance et adolescence. Une petite boîte verticale en bois y présidait. Elle abritait quelques objets sans valeurs où seule la disposition m’invitait à la rêverie. Cet autel fût le premier indice.
Permettez-moi de vous indiquer deux ou trois choses que je sais d’elle. Stéphanie Ludet est peintre. Stéphanie est une peintre honnête :

Chaque nouvelle destination géographique devient le début d’une lente gestation.

À chaque pays une mue reptilienne.
Que dire d’autre ? L’identité? Le présent.
Son passage à Kinshasa au Congo avait laissé apparaître des corps massacrés, des sculptures aux formes humaines tâchées de rouge jonchées sur le sol. Il y aura aussi toujours des visages. Puis autre chose, une histoire, celle que chacun se racontera, une histoire différente chaque jours.
... Il y avait eu en Asie des laques perdues dans un transport aérien, aujourd’hui nous sommes en septembre 2012 quand Stéphanie Ludet libère sa pensée, laissant apparaître l’éternel, l’altérité, l’autobiographie sans titre : « Une femme dans un corps bleu » une histoire ouverte à soi ou à l’autre soi, l’autre, celui ou celle que nous aurions été si le passé et le futur s’unissait pour le présent. Voici désormais plus de 2 années écoulées à Lima où nous pouvons assister à une gestation frénétique, celle d’une femme profondément épanouie.





lundi 22 septembre 2014

MES ERRANCES (Sandra Detourbet)


Crédit photographique (Sandra Detourbet et Philippe Béranger)

"Le sacré ayant parcouru le chemin qu'il avait à suivre, sans retour à la case départ, il me laisse rêveuse car il renvoie à quelque chose de ressemblant à mon intuition. Certes on ne peut pas penser ailleurs que dans son temps et "ces temps-ci" se penseront toujours dans une forme mythique de la genèse.
 J'explore la genèse des croyances au travers des histoires inventées: les mythes, les récits et la poésie. Il y a deux vieux rêves que je découvre après tous ceux qui me précèdent. Le premier s'apparente d'avantage à un souvenir possible. Les premiers hommes vivaient des nuits longues et froides. Dans le silence de leur langage, aveugles dans leur obscurité, ils vivaient profondément. Certains instants me rappellent à ces ténèbres. Je retrouve l'ignorance. Cette origine, si vieille et sûre, s'obstine quelque part, sourde et bruyante. Le second rêve est lumineux et riche d'un savoir qui repousse ma peur. Le paradis où l'innocence nous rendait aveugle face à notre nudité, personne n'y est resté. Il se fige dans notre oubli. Il reste le seul vestige de notre enfance ensevelie d'histoires.
Toutes ces croyances, chacun les vit selon sa propre nécessité. C'est ce questionnement perpétuel dont témoignent nos grands travaux, nos édifices, nos peintures, nos sculptures, nos écrits, nos compositions, nos rêves. Ce sont tous ces témoignages qui m'animent.
Le sacré dégage l'essence religieuse de toute chose. La nécessité de s'accomplir dans un ouvrage collectif me fascine. L'ouvrage du XXI siècle est une Babylone infernale, qui pousse vers le haut, vers le bas et à l'horizontal. L'or noir régit son mécanisme, le mouvement, la vitesse et l'apesanteur. L'extraction des réserves en son sein épuisable explose les frontières ethniques. Elles s'étendent dans une nouvelle ère, l'espace cosmique cède le pas à l'invisiblement petit, l'inimaginable, le virtuel.
Tout a commencé lorsque Tarkovski démarre son film "Andreï Roublev" par une séquence courte, quasi subliminale que l'on peut même avoir oubliée car elle se greffe au récit telle l'annonce d'un oracle : on assiste, en fait, à la première ascension en montgolfière. Cet événement a une valeur symbolique très forte : l'homme s'affranchit d'un dieu terrorisant. Cela nous est décrit à travers la vie d'un peintre russe, Andreï Roublev, qui représentera un dieu au visage doux et clément. Les hommes cessent d'être représentés comme les éternels pêcheurs craignant un dieu jaloux démuni de toute miséricorde. La séquence où se déroule une fête païenne nous plonge dans la stupeur de cette époque. 
L'amour s'est débarrassée de l'emprunte de la culpabilité. L'œuvre du peintre repose sur le visage de l'amour. Le corps n'est pas que laideur ou douleur, la mort n'est pas l'éternité. Le mystère est ailleurs : le récit nous raconte le prodige auquel assiste cet homme : On demande à un jeune enfant dont le père était fondeur et qui emporta dans sa tombe le secret de l'alliage du bronze, de diriger la fabrication d'une cloche. L'intuition le mena à sa réussite. Le fondeur détenait la science et le savoir faire de l'alliage du bronze. Le fils perpétue le secret du père sans explication. L'inné et l'acquis : l'émerveillement repose sur ce doute. La nature humaine livrée à ses sens et son esprit détient l'alchimie de la matière vivante qui dort, boit, mange et qui existe.
Ces contes imaginaires s'inspirent de faits réels et portent en eux toutes les réponses. Ils confirment et exaltent le sentiment de vivre. La vie est consommée pleinement jusqu'à la lie. L'amertume colle à la légèreté d'un regard échangé. D'un silence partagé, du non dit et du dicible."

mercredi 17 septembre 2014

AMAYA EGUIZABAL : JE SUIS UNE FEMME QUI PEINT (Sandra Detourbet)


crédit photographique Philippe Béranger

Le recours à la poésie m’est aussi précieux dans l’existence que la rencontre de certains mondes. 


Je vous indique, pour celles et ceux qui seraient passés un peu trop furtivement devant une toile d’Amaya Eguizabal, une expérience vertigineuse semblable à la lecture de certains auteurs. 


Je pense tout particulièrement à Julio Cortazar ou Fernando Pesoa. J’en conviens, la première impression n’est pas lisible d’emblée. Mais une fois le temps "ajusté" vous êtes débordé par vous-même, si cela vous va… 


Cette peintre est arrivée ici ... devant vous. Quelqu'un face à  cette réserve,  cachée  tel un  trésor,  ne   put s'empêcher de chuchoter : "L'on peut murmurer fort!"  



 Et si rien ne semble immédiat, ici presque tout sera. C'est   en vous ! 

MICHEL TEMIM : HORS DU CHAMPS DE VISION FLOTTENT LES PASSIONS ET LES RENONCEMENTS INAVOUÉS (Sandra Detourbet)


crédit photographique Philippe Béranger

Les peintures de Michel Temim ne sont pas sans nous rappeler l’esprit de la fable où sous une apparente réalité emprunte d’une grande application, une trame se prolonge bien au delà du visible. 


Un décor solidement planté installe le sujet dans une fascinante fatalité à laquelle rien ne peut échapper. La cruauté, la solitude et l’absurdité sont évoquées sans commentaire.


La démarche de ce peintre se maintient ailleurs, loin de certaines interrogations et remises en cause du 20ième siècle. Pour décrire le caractère particulier de ce peintre, notons un grand attachement à représenter de manière quasi analytique l’atmosphère d’un film muet en couleur où le temps se serait interrompu dans une rêverie. Le monde auquel il fait référence situe ses sujets au coeur de la ville, sous un angle de vue convergeant en un point invisible, celui du spectateur, voyeur ou conteur. 


Hors du champ de vision, flottent les passions et les renoncements inavoués. La voix off au cinéma serait ici ce que le public devient devant une peinture de Michel Temim.



PATRICK PAUFERT: JOSEPH ARMANDO CATALANO DIT ZORRO "N'AYEZ CRAINTE DE VOUS VAUTRER DANS VOTRE ANIMALITÉ" (Sandra Detourbet)

crédit photographique Philippe Béranger

À la question : " À quel âge meurt un héros ? " Je dirai que le peintre Patrick Paufert nous convoque au bureau de nos souvenirs.



"... Et si le noir n’est pas ce que vous pensiez. Et si la peur nous est si douce... même quand on est grand ? "



Allons !
Survolons nos petits effrois ! L’homme au chapeau noir, au masque noir et aux idéaux : Joseph Armando Catalano, dit Zorro est démasqué sous les frasques d’un grand peintre.
"L’enfant peut avoir peur de son sauveur même si le droit au héros est périmé. "


Les idées s’usent sous un corps sensationnel mais n’ayez crainte de vous vautrer littéralement dans votre animalité. Dépourvus de la bienséance, chaque orifice jouit sans appellation. Le jeu indifférent, qu’il pleuve ou non, de votre projection se dilue tel le fleuve, logorrhée érotique des pulsions de vie et de mort.





lundi 8 septembre 2014

L'ART DE LA RUE (Eric Meyer)


Il en va des mes ballades urbaines comme de mes promenades au bord de mer quand l'oeil attentif fouille les trous d'eau dans la roche lorsque la mer se retire. Toutes ces mares, ces flaques, grouillantes de vie aquatique, végétale, animale, vibrantes de couleurs. 


J’y observe l’anémone languissante ou recroquevillée, l’algue ondulante, flottante, l’étrille craintive, le coquillage ouvert, le poisson patient, mais agité qui attend la marée salvatrice ; le sable, les galets, les débris rejetés par la mer. Je me penche sur ce ce petit monde, je l'observe comme une peinture en cours. J'y voir des formes, des silhouettes, des regards, des personnages, de nouveaux paysages…


En ville les choses fonctionnent un peu de la même façon. Ce qui m'intéresse, ce vers quoi porte mon regard, est essentiellement fait d'accidents, de situations, de traces, d'usure. Plus que l'affiche, c'est l'affiche arrachée qui retient mon attention. C'est les bribes d'images qui se dévoilent des couches inférieures pour venir dialoguer avec les éléments en surface. 


Plus que la fresque habilement exécutée (et pour laquelle j’ai beaucoup de respect), c’est la peinture qui s’écaille, coule, c’est le geste rapidement esquissé qui me font vibrer. J’aime le passage du temps et des éléments sur la pierre et le béton, j’aime quand la cité devient sauvage, quand elle se reconstruit, qu’elle est en mouvement, en devenir. J’aime qu’elle ne soit pas figée, j’aime quand ses bâtiments s’emboitent, ses ombres s’allongent, ses lignes s’étirent, j’aime quand elle s’invente, se met en scène. 


C’est un peu de nous sur les murs ; de nos mots d’amour, de nos colères de nos engagements, de nos faiblesses. C’est une histoire à ciel ouvert, à couleurs déployées, dont nous sommes acteurs et témoins. Les murs sont des regards à croiser, la ville est un vaste chantier. Garde les yeux ouvert, il y a matière à voir...


mercredi 3 septembre 2014

GLEN MORIWAKI : ARCHIPELS VICÉRALS…(Yannick Lefeuvre)


Parfois l'histoire déborde l'être. L'artiste doit élaguer pour retrouver une forme d'innocence sensible et créatrice. 
Glen Moriwaki ne fait pas l'impasse nous en apprend par son travail sur les souffrances subies, transmises et parfois enfouies jusqu'à l'oubli. Il nous donne à voir les éléments de la tragédie. Visions morcelées et ce sera à nous de reconstituer le drame selon nos propres chemins. 
C'est « Japanese amerika »......croix, cibles, ombres, tombes, hachures, tragédies, visions, avions, crash...Puis, la « chose » horrible une fois posée, il se ressource non plus auprès des hommes mais pour d'autres visions picturales. Ces glissements vibratoires de couleurs, arcs et frontières à franchir pour d'autres strates plus charnelles. Avec une honnêteté résolue, il trempe son pinceau dans le bonheur d'être là. 
C'est « Aujourd'hui »......une ribambelle d'enfants sous des arches protectrices, une chaise pour s'y poser, une tapisserie d'intérieur à fleurs … il nous donne à voir « un aller vers » des sources picturales originelles, une « soupe » colorée de mille œufs de poissons, de cellules ou de planctons innombrables ... 
Et ce sera demain pour d'autres aventures picturales. Il en est ainsi de certains artistes d'avancer de ruptures radicales en ruptures jusqu'au sang de la vie et du sens.