Immédiatement, sur ses toiles, la joie de la couleur
explose, on en ressort nimbé. Ses tableaux racontent le jour ensoleillé du
monde, on prend en pleine face un coup de jeunesse heureuse. Une confiance
revenue, un pas alerte dans la tête, un jeu de quilles sur le bord des lèvres,
on respire avec lui. Puis tout de même, une fêlure juste au coin de l'œil, au
bord des larmes, juste un petit coin salvateur par où passer. Alors, le public
en confiance ose se faire oiseau, souris ou dragon car il y a là seuil à
franchir, porte à ouvrir et tout à coup tant à se dire. Il donne alors
processus à ces cheminements picturaux, des structures proches du symbole, des
ruptures fécondes de pensées neuves et surtout ce par où il passe donne sens au
désir. Mais loin de lui les prises de tête, le verbiage abscons, la parole
inutile, c'est vers la tendresse qu'il déploie les poils vibrants de son
pinceau sur des toiles généreuses pétries au levain dans leurs sobres carrés. Pinson,
vers le jeu de vocables, vipère vers le poème sans virgule ni poing, légers
zéphyrs vers les mélodies de la vie. Pas à pas, seconde après seconde, de
souffle en souffle, il avance et on le suit. Yves Barré, artiste atypique, le
génie de la surprise en bandoulière trace sa route originale, féconde et pleine
de vie. Il aime quand lui même surpris par ce qu'il donne, surprend celui qui
éberlué partage le rire avec lui. C'est une façon si rare d'être artiste que le
bonheur de le connaître nous ravit.
Blog d'Art Actuel (peinture, sculpture, photographie) - contact : redaction.regart@gmail.com - animateur Lucien RUIMY
dimanche 30 juin 2019
mercredi 19 juin 2019
ANNE LESCA : LA ET LA ! (Yannick Lefeuvre)
Elle s'appuie sur le vent et donne ainsi mouvement à ses compositions. De là, jaillissent de fines toiles, des liens ajourés, des filets aux fins maillages, des colliers de sensations aériennes. Il y a là une apparente simplicité qui coule de source. Les couleurs tout à coup complices disent leur plaisir de tant de résonances intérieures. Que ces masses, formes et sculptures comme autant de nuages laissent filer leurs pluies fines est une joyeuse surprise visuelle. Il y a aussi dans le cheminement rigoureux de Lesca Anne un désir de retrouver l'origine de la matière céramique ... terres cuites et pourtant contenant en elles des envols, des montées possibles vers les premières herbes, les élans sensuels, les attaches amoureuses, les éclaboussures, les mousses, les chevauchées. Là où la pensée n'y peut pas grand chose sinon parfois un mot qui s'échappe et s'inscrit sous la toile (antique, daï, earing et Dieu sait quoi!), heureux de sa consistance, il nous envole ainsi nommé et c'est très rare. Un coin de stupeur enjouée, juste pour se relier avec les esprits de ses œuvres si originales qu'on en ressort étonnés d'aller, de marcher, d'avancer dans son sourire.
dimanche 16 juin 2019
MARC LIMOUSIN : SUIVRE LE FIL ... (Yannick Lefeuvre)
Marc Limousin tente de capter les sensations venues
du monde, celles d'un Rimbaud, du « picoté par les blés » qui de
cette émotion le mène à « fouler l'herbe menue ». soit un geste
artistique. Un « jeté du bras » qui vient en réponse au bonheur
d'avoir reçu, à la joie d'être là, au don d'en traduire quelque chose.
Pourtant, il reste humble dans son exploration. Il s'exerce à mille et une
tentatives pour cerner la merveille. Et celle là, vue au Mans ce week-end, une
simple ligne qui relie trois concentrés de formes-couleurs. C'est si simple que
le public s'interroge et parfois passe à coté. Quelques uns y voient une ligne
d'erre pour écrire, d'autres une arabesque calligraphique et pour ma part, je
veux y voir une note qui va vibrer dans les en-dedans mais aussi les
transporter de l'une à l'autre sur une vibration musicale tenue à travers et
au-delà … qui de l'origine aux confins va s'effilochant dans l'univers. La
ligne musicale éclaire, relie et touche les espaces de sensations à la teneur,
terreur et bonheur de matières emmêlées charnelles et parfois sculptées.
Parfois, il ose la structure des cartes, tenté aussi par la géographie comme
autant de tentatives vaines de retenir, d'asseoir et de repérer les fugaces
impressions venues des territoires du monde. En fait, toute matière semble
reliée par un lien musical. Un lien harmonique entre petits ou grands chaos. Ce
serait une ligne de front insaisissable qui nous invite à vivre l'horizon non
comme limite ou frontière mais comme relais de nos désirs sensibles.
Le plasticien funambule avance sur ce fil et vous salue
d'en haut sans oublier de vous tenir la main en bas afin que notre regard
confiant s'ouvre à la beauté du monde..
NICOLAS CROUIGNEAU : POINT A LA LIGNE … (Yannick Lefeuvre)
S'il y a un reflet possible du monde actuel, Nicolas Crouïgneau
nous le livre tout en perspectives, avec des cadres urbains aux structures
elles mêmes encastrées qui deviennent ces espaces à arpenter sans idées
précises, de là à là et de plus en plus vite. Les êtres s'y déplacent, les
longent, parfois y plongent comme dans une piscine ou y grimpent avec fièvre et
honte ou même s'y renversent surpris de tant de vacuité. Il peint avec talent
en grand connaisseur des effets de la peinture un urbanisme sans sol, aux
transparences colorées avec un soin et une propreté cliniques, des ciels
reflets et des couloirs indécis quoique serviles d'un management invisible. Il
ose aussi plus profondément le frottement d'un masculin d'équerre aux courbes
sensuelles d'un féminin désarçonné. Si sa mise scène crée un espoir entre ces
deux là, l'artiste ne fait pas que constater, il envisage un avenir possible.
L'artiste soupçonne qu'un désir plus humain pourrait poindre son nez, saurait
jaillir de ses toiles ainsi conçues dans l'esprit pétrifié du public. Mais là
sur la toile de fond, hommes, femmes, enfants et personnages identifiables ne
font que s'y inscrire sans autre réalité que de passer par là, y allant, s'y
inversant, s'y mirant, s'y dénudant banalement avec des gestes las. Le regard
sans consistance porte son désir morbide sur des ailleurs indéfinissables. Il
suffit de vaquer dans un centre ville pour entendre le propos de l'artiste car
au fond, c'est bien comme ça qu'on s'y déplace le plus souvent. Alors,
bizarrement, on s'y reconnaît dans ces toiles, on le vit parfois ce désarroi impalpable
où chacun erre à sa façon dans ces espaces modernes impeccables mais qui ne
conduisent nulle part, qui n'invitent à rien, qui volent des libertés qu'on
aurait d'ailleurs aujourd'hui du mal à définir. Pourtant sa peinture difficile
ne s'enferme pas sur elle même. Elle oblige donc le public dérouté à y revenir,
à y regarder de plus près pour se donner du temps et peut être entrevoir autre
chose. Il pressent qu'au delà de ce monde désincarné une autre terre se
dessine. Le peintre facétieux, sans concession mais méticuleux souhaite peut
être avec nous une fois le constat fait, tisser un autre rêve pur l'humanité.
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