lundi 19 mars 2012

GEORGES FHO MADISON : DE LA TERRE AU CIEL ! (Yannick Lefeuvre)

Dans la salle délabrée, posées par terre, les toiles du peintre... Archéologies verticales, posées en strates. Il faut se pencher, les déplacer une à une pour connaître les fondements d'une identité douloureuse. Et puis, tout à coup des feux colorés mangent les murs. Concoctées dans des marmites joyeuses, les couleurs tranchées s'élèvent vers le ciel du plafond. Certains murmures dans le public saluent la force du soubassement, la violence nécessaire d'un dire émouvant et l'hommage respectueux adressé à un artiste dont nous mesurons l'importance. Une déchirure noire et blanche, des épreuves d'identité crient leurs décalages. Ça nous prend aux tripes, pas de compassion, un état de fait contre les faits établis. Seule la densité du silence, l'intensité des regards et l'arrêt stupéfait semblent à la hauteur du sujet. Le peintre les a posés là et c'était à nous d'y aller voir. Il n'y a pas d'autres formes de solidarité humaine sans cet effort !
Mais cela ne le préoccupe peut être plus ! C'était juste pour dire : « ce fut ! ». Il vise ailleurs. Des espérances plus rieuses empreints de mouvements où perce l'humour de la vie.
Une cuisine de pâtes colorées, des labyrinthes de signes musicaux, une envie de senteurs, de goûts et de dérives naïves. Il semble qu'une fois le « il était une fois » déposé, il se libère de l'emprise des questions pour s'envoler vers la joie des jeux d'enfants. Il jubile dans les découpages, le rire n'est pas loin. « Il s'éclate ! » comme on dit. Quand nos regards suivent le mouvement vertical vers les mosaïques bariolées, nous nous surprenons à sourire avec lui.
Le drame est derrière, en bas, en dessous, l'avenir vibre et se déploie sur les murs avec l'exubérance enfantine de celui qui s'échappe du carcan. L'envol est bénéfique pour tout le monde, nous nous surprenons à lui souhaiter : « Bonne route sur ces chemins là ». Un jour, il nous prendra l'envie de le retrouver plus loin avec la tendre certitude que l'enracinement fut nécessaire, un temps de solitude pour se donner l'opportunité des « allers vers ! ».
N'est-ce pas le lot de chacun(e) et prenons-nous vraiment le temps de cette mise en demeure pour que s'ouvrent d'autres espaces ?
Merci de nous inviter à l'utopie des couleurs à venir !
Un artiste n'est-il pas pour ces élans là, un bon compagnon de route ?
Celui là, c'est sûr en est un !