vendredi 4 juillet 2014

CHRISTOPHE LACHIZE : LA PRESEANCE DANS LE SILENCE (Thierry Gaudin)


L’art tisse.
L’artiste tisse du temps
Le temps de l’artiste dit les temps
Il erre dans les ères
A la recherche du perdu
Dans les plissures des cervelles
L’artiste érode la matière du temps jusque l’arbre
L’arbre de l’horizon talle
L’arbre sur l’horizon
Annonce et dévoile
Azimut à rebrousse toile
La toiture des ans coiffe
Des blancs sur les gris inondés
Dans l’in sondé des dires
L’art des arbres attend 
Blancs pausés sur la portée du silence
De l’arbre nait l’horizon
De la main abrasive l’arbre survient
Advient Se souvient
Part Vient
Repaire sur l’horizon des temps endogènes
Affleurement des ères
Qui soutiennent nos ans
La caresse des blancs ouvre la voix
Des strates entassées dans les en-dedans
Des stases agglomérées dans l’océan des ans
La phrase en blanc insémine
La phase du blanc
De l’illisible aveuglant
Les heures et les heurts lissés
Se dévoilent sous le plan
Les doigts des temps tendent le démenti
Où se bercent les arbres
Où perce la ramure
Neurones exfoliés
Qui plonge leurs racines
Dans l’or glane des organes
Qui ne savent rien de leur histoire
Le temps blanchit les cheveux
Des arbres et des artistes
Qui se donnent racines
Là dans l’épaisse sueur des blancs
Dans la paix sœur des silences
Dans le démenti patent
De l’érosion du latent
Harmonies où le derme des temps
Émerge sous les âges limés
L’appât rend de l’apparence
Sa texture voile lent

Point blanc


SANDRINE PAUMELLE : LA GERMINATION DE LA TOILE (Lucien Ruimy)

Des paysages crépusculaires, terreux, on ne sait si nous sommes au début de la nuit ou juste avant la levée du jour ; la lumière vient à peine éclairer les éléments de la nature dans les tableaux de Sandrine Paumelle. Ce qui les caractérise, c’est une ambiance.
On devine les éléments comme si nous étions invités à un spectacle secret, celui d’une nature qui n’est pas encore souillée qui va s’éveiller ou s’endormir, qui invite au silence, à la rêverie et que Sandrine nous invite à partager comme autant de moments uniques.
L’être humain est absent comme chassé d’une nature qu’il maltraite. Elle nous invite à la regarder, sans bruit afin de rien déranger et d’en capter toute la beauté.
La lumière source de la vie est là comme en attente prête donner toute sa vitalité si nous sommes à l’aube ou la refuser si nous sommes au crépuscule. Comme les cycles de la vie de la naissance et de la mort.
Les tableaux sont à base de photographies, mais Sandrine rentre dans les explications techniques comme à regret. Peu importe le chemin ce qui compte c’est le résultat final.
Regarder ses toiles c’est comme partager ces moments uniques, c’est comme partager une intimité :
« Dans la terre je puise et m’épuise
Les mains avides de racines
Fouillant le sol et les feuilles humides 
J’enfouis et déterre
Eclaboussant la toile de ces matières
Parfois acides »

jeudi 3 juillet 2014

OLIVIER PERIER : DES RACINES AUX GRAINES (Thierry Gaudin)

Longs parcours
Via les fruits
Sur étales passages
Arrêt sur échouage
Les jus émargent au quotidien
Lots de blessures et d’éclatements
Épanchement de jus de sucs de parfums de saveurs
Promesses  malmenées
Manutentions et mixages
Déposent là
Epaves
Fruits écorchés sur autel trivial repu
Parcours balisés aux sens ignorés
Ignorances décalquées sur partage raté
La grenade éclate ses veines
Dans la pâleur des dérisions
La figue close sur devanture
Nie son nid de saveurs
Cycles brisés
L’assiette s’émiette de suffisances
Eclaboussures d’infortune
Circuits reformés déformés
Cuisson par égarement
Entassements impavides
Trop mure engrossée de mixtures
La pomme empaquète Eve
Le sucre git inutile
Le geste du semeur sous blister
La noblesse sous vide
La richesse essorée
Dérapages enkystés 
Cargaisons déracinées
Embarquées pour l’avide
Sans oraisons ni raisons
Saisons dénaturées exclues
Du calendrier
Fruits des labeurs enchristés
La fente suinte en larmes
La coulure s’évente
Sur le chemin la balise
S’innerve des fuites  qui dessinent
La lente montée des sèves
La sente s’étaie des pas indécents
Des sens assaisonnés

Des saisons évincées