mardi 13 novembre 2012

ABRAHAM HADAD, C’EST UN STYLE (Lucien Ruimy)


Abraham Hadad vient du pays des « Mille et une nuit », c’est un conteur. Il raconte des histoires qui sont toutes des leçons de vie.
Sa peinture raconte les univers intimistes du peintre : son atelier, le peintre et son modèle, la famille… Il le fait avec des personnages tout en rondeur. Ils sont en contraste avec la dureté de la vie, du monde qui nous entoure. Ils sont la douceur que nous raconte Abraham Hadad.
Mais l’on aurait tort de croire à la simple description d’un monde idyllique. La force des regards de ses personnages, indique les tourments de la vie, le questionnement sur le monde, l’incompréhension de ceux qui ne pensent qu’à aimer les autres.
Il aime aussi dans ses représentations de l’atelier retrouver le souvenir du peintre abstrait qu’il a été en y insérant des tableaux de cette veine, mais aussi des paysages, donnant une idée des autres voies qu’il aurait pu emprunter.
Il nous indique ainsi que la voie qu’il a choisit n’est pas le fruit du hasard, mais celle d’un choix conscient fait dans les années soixante alors que l’abstraction dominait. A contre courant, il a choisit, à l’époque, de raconter l’humain.
La grande force  des mondes proposés par Abraham Hadad vient aussi de la qualité, de la texture même de sa peinture. Les chairs des personnages portent en eux toute leur histoire : les strates des couches et des couches de peinture leur donne vie, les font palpiter.  Sa peinture n’est pas faite d’immédiateté, elle est le fruit d’une longue construction.
Il est de ces rares peintres dont on reconnaît les tableaux au premier coup d’œil. Abraham Hadad, c’est un style.


vendredi 5 octobre 2012

LAURENCE LOUISFERT : TEMPO DES TEMPS (Yannick Lefeuvre)


En vrai, une artiste nous donne à voir des sculptures révélatrices du temps. L'air du temps, le temps de l'être, le temps de l'arbre, le temps des désirs, tous saisis dans la vérité de leurs mouvements et rendus visibles par la trangression métallique. Le métal scande, hache et découpe les déroulements vivants pour des élans affirmés, solides qui au final, le défie. Une sculpture jaillissante pour dire l'idée du désarroi contemporain mais aussi pour tracer des visions temporelles utopiques et chaleureuses. Elle croit à la vie et porte son rêve comme un fer de lance. Par notre incapacité à nous relier au temps des mythes, aux effluves de la terre, à l'amour charnel et tout simplement à l'autre, nous passons à coté du temps. Nous coulons la barque des rêves de la temporalité et nos espaces s'essoufflent. Sa façon de réagir, c'est la vigoureuse empoignade. Elle l'attrape, elle le prend à bras le corps, elle l'accouche. Un temps charnel venu de la forme, de la couleur, des métaux utlisés pour le projet s'affirme. Il faut la ténacité d'artiste comme elle pour débusquer de telles vérités. D'un tour de main astucieux, elle lui indique sa place et devant tant de maturité, il acquiesce. Il sera l'âme de la sculpture. 
Pour donner corps à l'impossible, elle s'accompagne d'ustensiles redoutables. Ils font des étincelles et s'entrechoquent dans son atelier secret. La meuleuse capricieuse, le chalumeau-chameau, les acides citronnés, l'oxycoupage-pas sage, les soudures vexées tourbillonnent dans un bruit d'enfer... Ils évident, ils grattent, ils meulent, écorchent, gravent, ébardent, cisèlent et soudent. En fait, ils n'en font qu'à sa tête de fouineuse, chercheuse et amoureuse énergique. La sculpture s'enhardit et rend visible en plus du temps commun, un temps intérieur, un temps plus subtil de soi, le temps mystérieux du mythe et le temps réel de l'oeuvre. Tenir ainsi la gageure dans sa main, dans ses muscles, dans sa chair n'est pas une mince affaire. Pour y arriver avec un tel talent, il faut avoir le souci des origines et l'incarner dans une forme durable défiant le vide actuel. La quête sera longue et chaque pas en avant sera ainsi inscrit dans le métal, histoire de ne jamais rien oublier de ses investigations. Voilà comment elle procède. 
Pour mieux dire, j'ai vu au plus haut des socles, un arbre. En bas gravée, taguée l'image de l'arbre qui fut ou qui sera. Au delà du construit, l'arbre va renaître, s'enraciner et se déployer nourri qu'il est du substrat des entités-villes des hommes. Les socles sont alors des seuils car pour elle rien n'est fatal. L'élévation devient une mélodie, un rythme et sa pulsation à l'écoute des autres donne le vertige. Dès lors, chaque regard posé sur ses oeuvres devient un regard complice. Le tempo du temps de l'être dans l'infini du temps de l'espace dévoile ses capacités de transcendance. Elle nous révèle la magie possible de l'heure du partage. De plus, il y a toujours autour des sculptures de Laurence des espaces nécessaires à leur déploiement. Le monde autour prend sens grâce aux lignes mêmes jaillissant de la sculpture. Sculpter pour elle n'est pas seulement offrir une oeuvre mais transformer le regard sur le monde qui l'entoure. Ses sculptures ont cette efficacité là. La sculpture déplie l'espace qui l'entoure et redonne au temps la force du désir. 

Parfois, elle se retire et on la surprend sur des ailleurs plus doux. Elle est aussi chatte, femme, aronde, gironde, oblongue. La suiveuse de pistes originales a plus d'un tour dans son sac et chante la vie à tue tête ! Des patines palatines vertes, mordorées, marronnées et grisailles dans des couleurs toujours « blues-tenues » la suivent à la trace. Ses investigations colorées prennent des détours nécessaires aux nouvelles impressions qui se présentent. Ainsi, l'arbre•animal, la femme-feuille, la gousse-vulve, le bijou-racine, l'envol-tronc, les branches-dragons, la terre-mère, les ventres-cercles et la faucille-lune nous emmènent sur d'autres mondes. S'il s'agit du nôtre, il en révèle les richesses profondes, sensuelles et gorgées de vie. Elle devine que la différenciation est source de rencontres. Le métal s'arrondit et ouvre ses paumes. L'élan dessine une ellipse vivifiante. Les petites sculptures possédent les mêmes richesses harmoniques que les grandes. Mais elles ont parfois de par leur proximité la possibilité d'une senteur. La main a envie de toucher, sentir et porter l'oeuvre comme on porte un enfant inattendu et secrètement souhaité. Ses enfantements au delà de la prouesse sont autant de promesses de vie, de rencontres et d'espérances ! 




lundi 10 septembre 2012

LUCIEN RUIMY : DU CLIC AU CLAC EN PASSANT PAR LE BRUSH* ! (Yannick Lefeuvre)


« Faute aux »... Utopies qui nous assaillent !?

 Faute à qui ?!  Faute à quoi ?
Plongées mythiques au cœur... des pixels.
Pour se dire dans les prises, pour se risquer au bord des clichés, il enclenche les rencontres 
Elles prennent la pose avec lui qui pose avec elles. Prise de têtes sans prise de tête.
Mise en boîte et révélations !
Drôle d'entreprise !
Si Narcisse s'oublie dans son image et plonge au gouffre de son néant, 

Lucien lui, frôle le danger certes, mais il traverse le miroir des eaux et s'il n'est pas seul,

l'envers du décor baigne dans les couleurs.

 Des visages complices l'accompagnent.
Quelques unes « s'Aphrodisent », sorties des eaux des océans, elles replongent dans les gluances colorées de la toile.

Les "Alice Marylin", lunettes de stars en sus révèlent l'amitié.

 Il y a photo certes, mais la peinture s'impose, fait retour, elle est présence.


Même la couleur déborde, elle entame les portraits où il joue contre joue. 

D'une figure à l'autre, il se transfigure et les couleurs amoureuses ainsi détourées racontent les liens de la vie et de l'instant. Il y tient à ce bonheur de vivre, il jubile, il a raison de sa déraison.

De celles là, nous ne saurons rien, l'intimité ne sera pas dévoilée, il s'agit d'autre chose. 

Il s'agit d'un rêve qui s'élabore de l'un à l'autre, de l'oeuvre à nous... concernés tout à coup. 


De la passion d'un soi qui se partage et que la couleur dérange, il figure ainsi la question. 

Il nous donne alors, l'opportunité de passer d'un monde à l'autre.


Lucien avec les risques de son talent pose les clés, offre les serrures mais ce sera à nous d'ouvrir les portes ! 

(*Le « Brush », mot inventé pour dire la couleur qui s'écoule)
Pour feuilleter le livre cliquez ici



vendredi 10 août 2012

JOEL LORAND : VÉRITÉS DU VRAI VENT (Yannick Lefeuvre)


Joël LORAND
Son monde a le visage du multiple, du foisonnement, des mille et un liens. Dans des abondances d'abeilles en ruches, par les fourmillements des animalcules, homoncules et femellicules, avec aussi les os des fleurs, il s'envisage. Les grouillements du minuscule, l'affirmation de la présence des entités, le partage primordial d'un imaginaire structuré du dedans ouvre un espace-temps original. Un visionnaire halluciné tranche et pervertit les lignes. Rien s'emplit du tout, les Janus s'empoignent dans des regards de saints pré-chrétiens. Il magnifie les fluides, le vice versa contemple sa mort dans le reflet des ondes, il se végétalise de vertige en vertige. L'hypnotiseur horticole pose sa dynamite en arabesque et nous foudroie de ses vérités. Contre la dictature des « peaux lisses », il donne présence aux rides signifiantes. A l'étonnement sidéré et à l'arrachement de la raison, il donne chance au saisissement. Il nous piaffe, nous écartèle et son diapason braille.
Du fétiche au totem, les possibilités imaginatives expriment l'être dans ses liens sensoriels avec le monde. Le vide actuel ne demande pas à être comblé mais réinvesti autrement, il s'y lance avec urgence et appétit. L'artiste se fait passeur par nécessité intérieure et il explore. Il rencontre ce qui chahute du dedans les subtiles sensations, les vibrantes émotions et la possibilité d'un répertoire personnel. Chaque catégorie prend langue avec les éléments. C'était connu, c'était l'évidence, c'était l'humilité nécessaire à toute rencontre. Il faut bien des détours pour s'éprendre. Son berceau est un gigantesque tremplin vers des infinis stupéfiants. On s'y plonge et on n'en revient pas !
-« Oh ! je vois bien, la reine Mab vous a fait visite.
Elle est la fée accoucheuse et elle arrive, pas plus grande qu'une agate, traînée par un attelage de petits atomes. Les rayons des roues de son char sont faits de longues pattes de faucheux ; la capote, d'ailes de sauterelles ; les rênes, de la plus fine toile d'araignée ; les harnais, d'humides rayons de lune. Son fouet, fait d'un os de griffon, a pour corde un fil de la Vierge » 
Accompagné par le poète dramaturge, Shakespeare, j'entends mieux les toiles de Joël Lorand.
Jamais une répétition, que des découvertes d'un soi multiforme. Très vite dans l'amoncellement, la nécessité géographique s'impose. Les croix si elles ne sont pas des frontières deviennent des lignes de partage, non par souci de classement mais par désir de consteller les richesses. Il en vient à ouvrir ses mandalas secrets, portes gardées des mondes de l'en-dessous, les mandorles capricieuses pour des naissances d'insectes voraces, les rosaces de cathédrales primitives pour des chants anciens oubliés. A force d'aller vers le paradis des friches, il bégaie avec génie et s'enfonce dans les enfers du ciel.
La recherche pure est une nécessité urgente et se situe hors des recherches ciblées dont le seul but est la recherche du lucratif. Tout un vocabulaire mathématique de différenciation devient une démarche obligée pour une approche scientifique du monde. Savoir examiner les différences aussi subtiles soient-elles est une qualité que tout chercheur doit expérimenter. L'artiste me semble prendre ce chemin. Il inventorie tous les possibles et ce faisant, il s'inscrit dans la réalité du monde. Les « a priori » sur les artistes empêchent le réel de devenir sensible à nos sens. Joël Lorand convoque une armée toute équipée pour une lutte primordiale. La stratégie venue de l'intérieur du dedans du monde est privilégiée dans son travail. Orfèvre, il incite l'oeil à se promener mais plus encore à scruter, à approfondir sa recherche jusqu'à trouver sa question. Son interrogation naît du flot des doigts sur la toile. La parole retrouvée des mythes jaillit de ses tableaux. Il y a urgence à dire et ses compositions picturales et narratives lancent le débat. Par lui, nous sommes au coeur du sujet... la question de l'âme. Il a parcouru le chemin, il a senti le vrai vent, il le chevauche. Ce qu'il entend, il le transpose de façon à ce que les harmoniques nous touchent par le truchement vibratoire de ses compositions.
A nous de retrouver l'énergie brute de la vie pour l'accompagner, il me semble qu'il ne demande que ça !


samedi 28 juillet 2012

CHRISTIAN MOUREY : ÇA SE POSE LA ! (Yannick Lefeuvre)

Christian MOUREY
Devant une toile de Christian Mourey le regard s'illumine d'une joyeuse évidence. Avec simplicité et dans une rieuse rigueur, il nous emmène dans les méandres de ses échappées d'étagères. Tout est à portée de regard et pourtant le sens des motifs se dérobe. Tout est facile mais la tension de l'incongru nous voyage. Chaque élément nous salue et semble évident mais des chuchotements s'interposent, des vecteurs nous soufflent qu'entre ceux là, des voeux secrets circulent. Alors, dérouté, détourné, déboussolé, il devient nécessaire de trouver un chemin. Il nous amène à tracer notre route. J'aime quand un artiste nous offre l'espérance d'un ludique déchiffrement ! Il donne envie de parcourir, de suivre un itinéraire insoupçonné et en fin de parcours, nous nous surprenons à prendre rendez vous... avec nous mêmes !
 Fichtre !
Dans l'inventaire immédiat des glyphes icôniques, il glisse des flèches, des vecteurs de désir, des alignements de tares de balance, ça nous interpelle. Nous, attrapés comme ça, on inspire ses spirales, on expire ses magies de fakirs et ressourcés, en un mot, on se balade grave.
Des têtes aux allures primitives, des coupés de bagnoles de gosses, des n'importe quoi, des vues de l'esprit, des esprits à propos et de l'esprit en feu se présentent pour des circuits inattendus où l'âme trouve sa place. Mais pas d'empilement hasardeux, de mélange mou et d'abstraites imbécilités, au contraire un vivifiant équilibre s'affiche dans la joie des lignes. Dans les coups d'oeil de clins d'oeil, il trace à vif des joies aux couleurs soutenues, il souligne, il entame, il cuisine ses affaires. De plus, avec son coté calumet de la paix, un désir de sacré s'installe et nous relie à ce monde. Par exemple, nul mieux que lui connaît bibliquement le chiffre trois. Il le colle partout, obsession décapante ! L'angle et l'arrondi font la noce. D'un geste, il annonce l'avènement du nombre. Je le soupçonne d'envisager le chiffre 5 pour de nouvelles investigations.
 Comment fait il pour que de ce bric à broc s'installe un vent bénéfique ?
Lui, par l'écho profond qu'il ressent du monde, il creuse au fond de lui et trouve ses trésors. Il apprivoise des sens à venir, à rêver et à découdre. Actuellement, l'envahissement hystérique d'images, de signaux et de panneaux dans lesquels on tombe faute de sens, de sens des sens, de sens interdits et de bon sens nous piège !
Tranquillement, il desserre les mâchoires de la bête immonde par un retour sensible aux sens à fleur de peau... En expert de l'arrondi des cuillères, il donne sonorité au chant des lignes.
Dans les senteurs des courbes, il ouvre ses espaces colorés aux senteurs primitives.
Par le chahut des icônes, il laisse les parenthèses cerner les mots et il les chuchote.
Dans les allées où l'escargot côtoie l'infini. Il butine au dos des objets et à leurs silhouettes dévêtues, il jette un sort. Pour parler «pierre philosophale » il tente le lien subtil entre noèse-pensée et objet-noème, ce lien est un fétiche. L'aventure est phénoménologique et il faut un sacré phénomène pour se lancer dans la danse ! Une liane-tabou pour séparer et accorder des harmonies subtiles et nécessaires à la vie. Une équation aux couleurs intuitives nous chavire. Les énigmes qui s'offrent à nous sont celles que nous n'osons pas nous poser.
Alors, comment fait-il ?
C'est en se perdant qu'il trouve les signes qui ouvrent les bons chemins !

Il nous donne ses lieux de force, ses ancrages intimes et ses capteurs d'ondes affectives.
D'un objet à l'autre, on se faufile et on crapahute mais ce sera à nous de lancer les ponts !
Il cherche un compagnonnage et nous, à notre tour, à nous perdre ainsi,
on se retrouve avec lui !
Alors, à ce point de connivence, il nous accueille et nous cueille paumes ouvertes dans une généreuse accolade !
Ça se pose là un gars comme ça !

jeudi 26 juillet 2012

YVES KRIEF : CITÉS DU VERBE ! (Yannick Lefeuvre)

Dans le tohu-bohu du monde, il est difficile de trouver des lignes de sens. L'artiste-voyant s'y attelle avec appétit en déployant des visions à la férocité réjouissante. Il y sème des indices puisés à la source de ses désirs les plus intimes. Il nous donne ainsi l'opportunité de tracer notre propre route vers une parole sensée.
En effet, l'artiste nous dévoile ses interrogations par le truchement d'images énigmatiques.
Des paysages fantastiques, des architectures à décoder, des présences humaines et animales dessinent une mystérieuse mythologie urbaine. En ces temps où les anciens récits sont ressentis comme du folklore, où les nouveaux mythes se marchandisent, son travail est salutaire. Il s'adresse à nous, être perdu, illettré du verbe, du rêve et de nos richesses fantasmagoriques.
L'artiste parie sur l'étrangeté pour anticiper d'autres territoires sur le substrat des sensations, des émotions et des sentiments. Il choisit la voix du sujet avec confiance.
Chaque image-rêve qu'il crée est une ascension vers une cosmogonie réinventée, vers une parole débarrassée de ses clichés et la possibilité d'une transcendance nouvelle.
Dans ses tableaux, il y a parfois des invariants qui agissent comme des obsessions. Des ciels dangereux voire mortels, des bâtisses subissent l'ombre menaçante de gigantesques ponts.
Ces passerelles de fer et d'acier emprisonnent de leur puissance néfaste les lieux de vie.
Alors, il happe notre regard et le guide à travers ses propres métamorphoses. Il impose des dieux et des déesses comme autant de repères fétiches qui retrouvent une place dans l'imaginaire commun. Ces vigies vierges, statuaires charnelles posées au gré des rues veillent sur les passants. L'animal prédateur engage le regard dans les méandres de la violence et inquiète nos avancées dans ce monde torturé. Mais l'artiste n'est en rien pervers, il annonce des possibilités de compréhension. L'image fait sens et trace son sillon de vérité.
Des murs porteurs de brisures sur lesquelles s'agrippent violemment les inscriptions, des surcharges d'enseignes lumineuses, les tags et les pubs inscrivent des chemins. Les mots devenus hiéroglyphes seront sources d'un déchiffrement voire d'une approche symbolique humaine nécessaire à notre survie poétique.
Ainsi dans un coin de rue, j'invente à mon tour mes rêves. Je révèle un nouvel Abou Nowas qui juché sur des immondices vibratiles bégayant et chancelant crie ses poèmes aux ouïes des passants. Un Umberto Ak'abal s'envole dans les mélodies du chant des oiseaux. Un Tagore attentif prête ses oreilles au désespoir du parfum des fleurs.

Mais revenons à notre propos...Si ses toiles agissent avec talent de façon hypnotique, il ne s'agit pas de s'y laisser dériver mais de se ressaisir, de se réapproprier nos perceptions oubliées et de tisser en sa compagnie une histoire vécue creusant ses suspens au dedans de soi.
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