Souvent un nom est un vecteur formidable. Ici, c'est
le cas. Son nom propre est le titre même de ce qui va s'éployer. De ce nom
magique à ses sculptures, ce sera la même source, le même torrent, la même
vivacité qui s'écoulent !
Ses visages agrippés à pleine main à la jointure de leurs cris nous
empoignent. Les caractères passés au crible des émotions, les bouches extirpées
à la racine des yeux, les regards comètes éclatées à la source des joues, les
cous vrillés aux épaules nouées nous transfigurent.
Alignement de visages effarés, reflets en écho des
nôtres !
Les fulgurances sculptées dues à l'énergie éruptive
où chaque naissance est une nécessité, un désir impérieux et une épreuve
aboutie s'imposent à notre regard. Jaillissantes à l'orée des drapés serpentesques,
boyaux turgescents, gouffres asphyxiés, laves fusionnelles, ces figures
torturées s'avancent pour des danses primitives qui nous arrachent à nos
torpeurs. Traversés par ces forces libérées, nous sommes irrésistiblement
entraînés dans la houle profonde de l'érotique du geste.
Hors d'elle, l'oeuvre vibrante, tourmentée, exaltée se déploie. Issue du
feu des bras, de la pleine poussée, de la chair du ventre et des hanches, corps
de terre conjoint au corps de chair, elle chante !
Griffures,
déchirures argileuses, tempêtes intimes en montées vers les joies de la spirale
signent la présence, la vitalité et l'émergence des visages. Avec ces plissures
charnelles, ces drapés grecs, les tissus fondants, les giboulées des torrents,
les ruisseaux furieux, les coulures sexuées, elle affirme la royauté visible de
notre monde tellurique.
En amont, il y eut un temps où la force ascendante des harmoniques enivrantes, des empoignades vivifiantes et tendres, dans la conjugaison passionnée du vivant traversait son travail. Ces amours d'argile noire extraits de la pulpe des doigts, révélés par des prises vigoureuses et amoureuses dessinaient une verticalité charnelle et harmonieuse. Aujourd'hui, exploratrice de la tension instinctive, elle ouvre la porte à l'esprit sauvage qui surgit en elle. Entre ces deux forces travaillées à pleines paumes, une autre présence s'impose et va surgir.
Demain, il sera là «le glébeux» né des mains d'une femme passionnée, être en
ascension dans sa circulaire montée. L'humain jaillira à l'aube de son devenir
!
Et nous avec lui, nous entrerons dans la danse !
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