On s'installe au milieu des toiles de Pascal Honoré comme on
prend place dans un jardin public. D'abord le regard glisse sur l'ensemble des
toiles comme pour effectuer un rapide tour de reconnaissance. Il est confronté
à un entrelacement de formes stylisées rappelant des formes végétales, à une
accumulation de motifs colorés évoquant des fleurs et des fruits. Le regard se
perd. Il ne sait où se poser devant une telle profusion. Les creux, les vides
et les interstices sont traités avec autant d'attention que les motifs.
Étrangement cette profusion ne crée aucune sensation
d'encombrement ou d'étouffement. Le regard se sent libre. Il est sereinement
sollicité pour circuler dans un fouillis végétal et déambuler parmi une succession
de fragments aux couleurs délicates et fragiles. Parfois les motifs sont à
peine esquissés. Parfois ils surgissent en négatif à l'aide de subtils
recouvrements. Parfois ils apparaissent partiellement par transparence ou par
des effets d'écaillement de la matière. La peinture de Pascal Honoré n'impose
rien. Elle suggère et laisse entrevoir.
Cette peinture qui fonctionne par strates
successives évoque irrésistiblement les fresques anciennes d'une demeure
prestigieuse ou les mosaïques usées d'une villa abandonnée. Elle garde en
mémoire les traces qui se sont superposées sur la surface de la toile et les
images qui se sont succédé au cours de l'élaboration du travail. Les formes
naissent et disparaissent.
La peinture élégante de Pascal Honoré est une belle
méditation sur la vulnérabilité des images exposées à l'usure du temps.
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