En ce temps où la « terre était tohu-et-bohu et
la ténèbre sur les faces de l'abîme »,
Catherine Ursin était là aussi en tant que souffle.
Respiration, elle devine le serpent
de l'entre deux, elle le coud à même les tôles et
son rire retrace ces vérités mythiques.
Non, il n' y a pas de petites fleurs ni de
petits cœurs, ça tranche, ça découpe,
ça perce, ça pique et ça rafistole !
D'ailleurs à mon avis, elle rencontre plus qu'elle
ne trouve, elle accueille
plus qu'elle ne cherche, elle gueule plus qu'elle
n'explique et j'aime bien.
Sans hésiter, elle nous indique les lieux d'où il
est nécessaire de partir
pour être et voir autrement le monde.
Si nous parlons d'amour, c'est sexué, si on dit
primitif, c'est séparer le blanc et le noir
afin qu'ils s'écoutent, si on évoque l'origine, ce
n'est pas pour être originale
mais parce que ce qui est à l'origine est pour elle
essentiel.
A l'origine de son cri, de ses désirs, de sa soif de
vivre...
tout ça s'affirme devant nous dans toute son
énergie, sa force,
ses lignes de rupture et ses cassures...et pas point
barre
car elle nous apprend que rien n'est perdu
et que ça se répare, ça se renoue, ça se reconstruit
!
Les échanges, les amours, les espérances sont à
venir,
à bâtir et à surtout à vivre !
Oui, il y a des serpents, des crapauds, des rats et
des poissons,
c'est noir, rouge, ça saigne.
Elle se doute que c'est l'eau et la terre qui ont
tout foisonné
et elle nous dit qu'on n'y est pas pour rien
aujourd'hui.
C'est aujourd'hui qu'il faut crier, son temps est
actuel
et les femmes blessées hurlent en elle.
L'art et les combats ne sont pas séparés ou si on
les a séparés,
il va falloir les voir et recoudre tout ça
autrement !
Les enfants d'ailleurs ouvrent les yeux. Elle est
proche d'eux et si son art
et sa parole peuvent les éloigner de la tragédie,
elle sera heureuse.
Elle indique des sentiers à prendre et d'autres à
éviter.
Il faut prendre le temps aller au delà des dents de
scie.
Ce n'est pas pour faire mal, c'est pour dire
« l'ainsi du réel ».
L'artiste creuse à l'origine car c'est de là que
viendront les transformations,
les métamorphoses et les devenirs heureux.
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