Lire les écritures originelles de la terre, voilà ce à quoi je me sens convié par Daniel Rouyer. Dans ces hiéroglyphes révélés qu'il nous donne à voir, nous cherchons spontanément des signes qui nous parlent... et la question qui surgit est : « Que nous chuchotent-ils ? »
L'homme-artiste sans s'affoler a pris le temps du regard, la patience du toucher, l'écoute de la vibration. Cela se voit. Il la renifle, la sonde et la goûte avec sagesse et tranquillité. Cela se sent. Il y puise son récit, sa certitude et son souffle. Nous l'entendons
Mais comment nous accompagne-t-il dans cette magistrale ouverture insoupçonnée du regard ?
Pour nous dire l'en dessus et l'en dessous, il confronte nos perceptions
à une hésitation, une opposition voire une contradiction.
Ce décalage se concrétise par un a-plat de couleur qu'il frotte,
confronte et tout bêtement pose contre les plages où les stridences noires et
blanches palpitent. Ce mouvement que l'œil effectue d'un espace à l'autre ouvre
notre esprit à ces réalités scripturales, rend compte de leur foisonnement et
nous approche de l'origine tangible et visuellement mythique de notre monde.
Cela s'effectue grâce aux mouvements proposés.Peut être notre écriture humaine s'enracine-t-elle là ?
De plus, il nous les présente avec élégance dans un jeu cadré où le
ressenti vibrant du somptueux charnel de la couleur révèle ses densités
crispées, saccadées, dévastées. Il nous raconte l'instant présent qui lutte
contre l'infinie gravité des sous sols anciens. Il les écoute et il y distingue
des entités, en différencie les intentions et y décèle même le charnel. A lire
ainsi avec lui la merveille de nos origines cachées, on se sent accompagné. Il
indique sans souligner, il repère sans insister, il déchiffre sans certitude et
ainsi presque naturellement, il nous enracine dans sa vision. Sa présence
amicale s'installe dans notre regard. On se sent soutenu dans cette quête
difficile.
Il
nous apprend ainsi à entendre l'éternité sans en être ni effrayé, ni émerveillé
mais avec l'intime conviction que là, il nous mène au cœur du mystère. De plus,
dans la ferveur de ses mises en lumière, il nous laisse entendre les mélodies
profondes du monde dans ses évidentes polyphonies. Nous en ressortons vivifiés.
Il
nous prouve alors, la nécessité du silence pour penser, aimer et vivre, c'est
rare !
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