Elle nous donne à voir des carcasses d'animaux
morts, os et chairs en décomposition saisis dans leurs monstrations verticales
désarticulées...
Par quelle magie arrive-t-elle sur le socle de ces
visions insupportables à élever notre regard vers la vie ?
Sans doute, elle a l'œil, elle sait saisir de par sa
pratique performante ce qu'il en est des subtilités des matières, des brisures
et des lignes qui déclinent des frontières oubliées. Elle cherche, puise et
s'aiguise à saisir l'ineffable. Un jour sans doute, en ces lieux terribles,
elle a vu, elle a su et elle a fait en sorte de nous donner sa vision en
partage. Nous convier à ce passage devait être nécessaire pour elle.
Toute
représentation a une part de rituel. Ce dernier engage l'être dans les souffles
de la vie ou dans les méandres de la morbidité. Son choix contre toute attente
vivifiant et courageux ouvre notre pensée à l'animalité. L'inattendu dans ses
visions tient dans le dynamisme de la « gestuelle » animale toujours
à l'œuvre même dans la mort.
Voilà une proposition qui n'est pas mortifère et
signe une parenté réelle et oubliée entre la volonté humaine et la vigueur
animale. Elle nous la révèle avec un talent surprenant. Elle donne présence à
un devenir très court mais saisi dans l'instant avec une tendresse incroyable.
Il y a de l'effroi à l'idée que ça va courir encore au delà d'un là qui fut.
Mais elle sait nous faire tourner le dos au déni. Elle écrit ses tableaux avec
la légèreté d'une plume dans le vent, encre sur impression numérique montée sur
« dix-bonds ».
L'accroche nécessaire à la dissection engage une
dernière danse au creux des silences parsemés de lambeaux de fines dentelles,
de transparences cotonneuses, de tissus diaphanes. Entre ciel et terre, elle
attrape une toute dernière et fugace verticale animale et nous l'offre.
Et l'angle pris par l'ange nous tire vers un sublime
inattendu.
crédit
photo à Bénédicte Deramaux
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire