Selon les manuels
scolaires d’histoire, les premières écritures, cunéiformes ou à base de
pictogrammes, avaient des fonctions essentiellement administratives ou
comptables. Triste présage…
Daniel Rouyer et Stéphane Arrondeau
La maquette d’un
vitrail destiné à l’église de La Bosse, commune
nichée dans les confins du Perche Sarthois, Daniel Rouyer l’a sobrement intitulé
« Nouvelles Ecritures ». Rien d’administratif et de comptable cette
fois-ci. Tout y est poétique : incertitudes, exactitudes... Comme ces
peintures rupestres qui nous fascinent encore, font écho en nous, alors même
que les codes de ce langage graphique nous demeurent inconnus…
Dans
cette maquette, reflet exact de la production de l’artiste, Daniel Rouyer
alterne les zones d’écriture noire sur fond blanc, avec des zones franchement
colorées. Il est facile d’opposer les unes aux autres. Mais n’est-ce pas,
finalement, « l’incarnation » picturale de la nature humaine ?
La foi plus belle que Dieu… La certitude matinée de doute. La force frappée du
sceau de l’incertitude. Le fil tenu de l’histoire. Une filiation plus
spirituelle que charnelle… A moins qu’il ne s’agisse que d’une ponctuation
chromatique d’un phrasé imaginaire !
La
transposition sur verre de cette maquette s’imposait, telle une évidence. Le
travail de Daniel Rouyer s’apparentait à une partition dont un orchestre de
petites mains ouvrières devait s’emparer, pour en donner une interprétation la
plus juste possible. Demeurer fidèle à l’œuvre initiale, tout en laissant la
lumière, par le biais des matériaux, lui conférer une tonalité céleste !
Belle ambition. Dur labeur.
Dès
l’origine du projet de création de vitraux contemporains pour l’église de La
Bosse (10 vitraux en 17 ans) la réalisation a toujours été confiée à des jeunes
de 14 à 17 ans, encadrés par quelques adultes. Certaines difficultés furent
récurrentes : formation des jeunes, approbation des autorités
administratives et religieuses, financement des différentes tranches de
travaux. Pour le vitrail de Daniel Rouyer toutes trouvèrent une issue heureuse,
y compris le financement émanent d’un mécénat privé !
La
réalisation fut longue et laborieuse, l’artiste
patient et indulgent. La quête de verres spécialement fabriqués pour ce
projet réclamait du temps …
Puis
vient le moment, toujours émouvant de la pose du vitrail. De la rencontre du
verre et de la pierre. Il ne s’agit pas, en l’occurrence, d’une confrontation
mais d’un dialogue entre l’œuvre et l’architecture pour, de concert, tutoyer
les cieux…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire