vendredi 14 juin 2019

NICOLAS MONJO : CARREMENT ! (Yannick Lefeuvre)





Les abîmes crépusculaires aux nuances chiens et loups aquatiques vibrent de cadres en cadres et nous voilà emportés dans une autre réalité. Dans ces boîtes-voitures, boîtes-bateaux, boîtes qui boitent, les êtres embarrassés de leurs membres, de leurs cous et de leurs bras les axent sur des verticales et des horizontales dressées comme autant de perspectives nécessaires à la survie en lieux clos.
Ces gens vivent au plus serré dans le cadre à touche-touche devenant des êtres à longs cous par nécessité d'en sortir, de respirer et de voir autrement des ailleurs. De fait, un plus que soi totalitaire et carré régente les toiles se nourrissant de l'une à l'autre de deux ou trois symboles visibles et récurrents, rappels de la finitude, d'une transcendance à venir, d'un plaisir bref ? Avec l'espoir possible d'ensoleiller ses horizons, l'artiste Monjo signe ainsi d'un geste l'humour de ses toiles avec un talent aguerri, une justesse du trait et une judicieuse maîtrise des couleurs, sa vision du monde ici bas. Le public frotté à cet imaginaire inattendu se désemplit d'un poisson, d'un révolver, d'une guitare et de quelques bouteilles à boire avec lui se délivrant ainsi d'un trop d'espace inutile. Ces imaginations en clins d'œil tragiques nourrissent des rêves à partager en sa ludique compagnie, le public en redemande.





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