S’il existe un départ pour ce « va-et-vient permanent», on le trouvera sans doute dans
les « surfaces d’accumulation ».
Le peintre désigne par ces mots ses tableaux abstraits « chargés de matière ». Ils ont été le lieu de ses
premières recherches. La matière s’est ensuite enrichie d’un mouvement, dans
une force et une lenteur qui avaient abouti, voilà quelques années, à une série
intitulée « La dérive des
continents ».
Aujourd’hui la dérive continue, mais contenue dans
une détermination qui la domine, sans pour autant que l’univers se soit
restreint. Elle laisse les continents pour mieux travailler l’intérieur des
tableaux et l’espace – ou le temps ? – qui va de l’un à l’autre. Elle y
construit les fonds, les fondations. Ainsi canalisées, l’énergie et la couleur
viennent irriguer l’œuvre où « les
coups de pinceau et de spatule » apportent les touches de lumière.
Ces deux outils, pourtant, n’écrivent pas seulement le tracé d’une dérive ou d’un frottement à la matière. Affûtés au-dessus d’une toile blanche et utilisés d’emblée pour des touches ultimes, décisives, superficielles, pourrait-on dire par rapport aux tableaux « chargés », ils installent un dialogue qui vient résonner sur/dans le blanc d’un univers sans fond. Paroles flâneuses, aérées, captées à la surface du tableau comme une onde qui se propage… Lucien Ruimy peut donc dériver vers une légèreté qui, comme un gué au milieu d’une rivière, permet à l’artiste de replonger vers des fonds inconnus et prometteurs.
Ces deux outils, pourtant, n’écrivent pas seulement le tracé d’une dérive ou d’un frottement à la matière. Affûtés au-dessus d’une toile blanche et utilisés d’emblée pour des touches ultimes, décisives, superficielles, pourrait-on dire par rapport aux tableaux « chargés », ils installent un dialogue qui vient résonner sur/dans le blanc d’un univers sans fond. Paroles flâneuses, aérées, captées à la surface du tableau comme une onde qui se propage… Lucien Ruimy peut donc dériver vers une légèreté qui, comme un gué au milieu d’une rivière, permet à l’artiste de replonger vers des fonds inconnus et prometteurs.
C’est de ces fonds qu’est issue la série des « sets de table », formule
attrapée au détour d’une plaisanterie amicale sur la façon dont étaient
présentés les tableaux les uns près des autres. Dans le va-et-vient que nous
tentons de suivre (bien sûr dans un ordre arbitrairement rigoureux par rapport
à la façon dont les choses se passent en réalité), cette série est celle où
apparaissent des figures, des « humanoïdes »
ainsi nommés par le peintre.
Lucien Ruimy dit alors avoir « créé le hasard », parfois en reprenant un tableau
abstrait, « un fond »
laissé au repos pendant une ou deux années, puis en y « récupérant des zones » où les figures sont
susceptibles d’émerger. « Quand ça
surgit, explique-t-il, c’est un bout
de quelque chose. Alors je formalise en même temps qu’une mécanique se met en
place ».
Entre la matière toujours en mouvement, les écritures déliées,
et les zones « un peu
carnavalesques » où les histoires se racontent à la simple lumière de
silhouettes, un univers, sans cesse, se dilue et se reconstruit. Inépuisable,
il se donne à voir dans ces « travaux
en cours », comme des instants à partager. Parce que, pour LucienRuimy, la peinture est aussi « un
échange permanent ».
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