Il n'est d'artiste qu'à l'aune d'un véritable
univers. Alors concernant Roger Blaquière, son imaginaire a su créer une
civilisation possible, une œuvre incomparable, un art du sacré sur un mode
cohérent. Cohérence qu'il constitue de la plus petite parcelle, du moindre
détail aux plus grandes statues. Sans oublier les architectures grandioses où
magnifiquement, il les loge. Il affirme malicieusement que ce monde existait en
amont. Alors, il lui faut tel l'archéologue fouiller dans l'humus, la terre et
les sables de son esprit de multiples objets, figures et représentations.
Formulettes de porcelaine qui par leurs traces prouvent l'existence quasi
réelle de ce monde disparu. Il creuse strates après strates et re-constitue son
univers civilisé.
Chaque pièce est peaufinée, il sait combien l'être s'inspire
de la beauté du monde. Le moindre détail détient donc en creux l'harmonie des
sphères, son origine naturelle et sa plénitude idéale. Il collectionne, range,
fourmille, destine et rend compte d'un foisonnement infini. Toujours à l'aune
de la sensation, de l'émotion, aucune gratuité malgré parfois de bizarres
apparences. Les déesses au trou-visage assises sur des trônes-socles règnent
sur des archi-structures où errent des faunes inquiétants, des jeunes filles
malicieuses et des lunes spectrales.
Sa
quête commence contre les déterminismes. Nous émerveillant d'une telle énergie,
nous devenons les assistants de sa démarche. Nous espérons deviner là où il va.
Rêvant de ces lieux magiques où nous n'oserons jamais aller sinon par le
truchement de ses peintures, sculptures et mêmes décors, nous contemplons.
C'est pourquoi il creuse encore et encore et ce qu'il découvre, il nous le
donne généreusement grâce à cet art particulier aujourd'hui très abouti. Il va
avec une apparente tranquillité là où personne ne se risque sinon les grands
passeurs, les penseurs attentifs et les créateurs éblouis. Du coup, il nous
donne à voir, à savoir, à entendre la courbe fine, l'étroite fissure, la lente
spirale ...
Il déploie avec justesse l'intelligence des formes du monde. Il
nous les donne à caresser, à vivre sensuellement ce qu'il en était de ce monde
enfoui. On se raconte alors mille et une histoires. Le Récit arrive à point
nommé. La parole articule (quelques conteurs et poètes le suivent en écho)
relie et tisse une véritable dramaturgie.
Celle justement qui nous manque aujourd'hui.
Son œuvre donne espoir tout autant pour et contre la folie, la mélancolie et
surtout la stupeur de l'effroi. Il nous ouvre les yeux sur le chemin de l'être
qui ne peut aller son train sinon de se représenter ce qui en lui se trouve,
jaillit et palpite.
ROGER
BLAQUIERE (Thierry Gaudin)
Mémoire &
art qu’est au logis
A même la
mémoire l’art se colle aux arts
L’artiste tisse
du temps pleine toile ou plein
Chant il
dévoile la trame à coudre sur main
Les
passages et beautés pour apprivoiser par
Hasards ou
pas du tout car du tout il redonne
La main en
faux vrai ou en vrai faux si il
Décide Avec
légendes en légendes Fossiles
Et clefs et
clefs de lectures et ça sonne
Depuis les
ères avec et sans aires de rien
Ou de tout
Trésors or et arts de l’ordinaire
Humour et
amour des traits et valeurs repères
La main
encore et sa force à dire demain
Donner aux
yeux qui se décillent ne se résigne
Ni ne se
renie et voir le geste et sa trace signe
En hommage
En toute
amitié
En franche
reconnaissance à celui qui m’a introduit aux beaux Arts
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