Guillemette Schlumberger ne saisit la sensation
d'être que par le truchement du reflet, de l'ombre ou de ruptures de formes et
de couleurs. Ses toiles s'écoutent plus qu'elles ne dévoilent.
Dans la
certitude d'un paradis perdu, les corps s'inversent sur le miroir des eaux. Si
nous soupçonnons une tragédie originelle, elle a l'élégance de n'y ajouter
aucun poids. Au contraire, elle nous donne les balancements, les mouvements et
les plaisirs partagés de la vie.
Puis, elle pousse le bouchon jusqu'à trahir
l'ombre de la beauté du corps féminin pour le subvertir en formes diverses.
Elle se cherche et creuse là où apparaissent des maisons, des arbres, des
branches...
Une plongée qui se raconte mais hors du sens pour des rêveries
toujours vivifiantes et colorées.
S'il y eut paradis, inutile de le chercher ailleurs
que sur ses toiles, elle nous le donne à sa manière comme on offre un bouquet
de fleurs.
GUILLEMETTE SCHLUMBERGER (Thierry Gaudin)
De l’ombre des jeunes filles / Coule une sève de rêves / Un rêve de
sèves / Les oiseaux des errances y trouvent un reposoir / Plongée dans le
liquide / Des espérances ou désespérances / Elle tente une histoire /
S’y narre le talent des aèdes / S’y perchent des oiseaux / Miroirs
et reposoirs / Des niches ou art y fixe pieds et futs / Des racines de corps
aux jambes de volières / Des être échappés des cortèges internes / Et des
heurts / Aux heures improbables / Où naissent les erreurs / Ou les
réajustements / De prime abord à vérifier / Er les fleurs des mystères / Qu’il
ne faut pas taire / Aux leurres qui se tressent en objets / Les licences
divergent / Et se troquent les peurs / Sur l’étoile diurne / Des existences masquées
/ Les nuits des espèces / Se dessinent et disposent / Des ombres et des déliés
/ Graphies en creux de bosse / En bosses de voluptés / En volutes de préscience
/
Belles envolées ou les plumes et les rires / Enfantent des chansons
/ Sur des airs inconnus / Et des pages fragiles / Les couleurs des arpèges / Des
arpèges de teintes / Déclinent leurs styles sensibles / Sur les ailes des vents
que poussent / La déraison des saisons quadrillées / Des chemins de traverse /Qui
se meuvent sans cesse / Repeuplent des paysages aux intimes accents / Mouvance
et sinuosités / Cadastres des possibles / Flexibles des peaux cibles /
Atlas considéré par les oiseaux du temps / Collections engrangées
par hasard / Sur évidence mais stockées / Dans la vie dense ou danse de la vie /
En décodage en instance / La lecture des fées appelle des doigtés / Perdus
depuis hier / Les coulures des mémoires / Se mêlent sur palettes / Et dansent
sur le parvis / Des églises intimes sans prêtres ni autels / La main tendue des
demoiselles / Réconcilie l’histoire des doigts et des paysages / Quand les
calendres s’inventent / Des espaces privés / Où dansent des oiseaux de fortune
/ Et des prismes malins / Les arbres dressent leurs bras et enlacent / Les
décors des corps manipulés/ Par les ombres adverses / Ou complices /
La fleur aux yeux de sève / Percute les reflets / Qui s’en viennent
/ Au jour / Narrer les heures qu’hier / A
façonné de bric et de broc / De fleurs et de déveines / De fleuves et de
migraines / De sueurs et de ramures / De rosées organiques / D’ombres inattendues
et de soleil trop blancs / D’objets incompétents ou trop et de sujets tus / Les
fleurs des nuits blêmes / S’inventent des théâtres / Aux heures de libertés / Et
tisse du réel une trame / Expurgée dévêtue / Des effets du commun
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