lundi 8 septembre 2014

L'ART DE LA RUE (Eric Meyer)


Il en va des mes ballades urbaines comme de mes promenades au bord de mer quand l'oeil attentif fouille les trous d'eau dans la roche lorsque la mer se retire. Toutes ces mares, ces flaques, grouillantes de vie aquatique, végétale, animale, vibrantes de couleurs. 


J’y observe l’anémone languissante ou recroquevillée, l’algue ondulante, flottante, l’étrille craintive, le coquillage ouvert, le poisson patient, mais agité qui attend la marée salvatrice ; le sable, les galets, les débris rejetés par la mer. Je me penche sur ce ce petit monde, je l'observe comme une peinture en cours. J'y voir des formes, des silhouettes, des regards, des personnages, de nouveaux paysages…


En ville les choses fonctionnent un peu de la même façon. Ce qui m'intéresse, ce vers quoi porte mon regard, est essentiellement fait d'accidents, de situations, de traces, d'usure. Plus que l'affiche, c'est l'affiche arrachée qui retient mon attention. C'est les bribes d'images qui se dévoilent des couches inférieures pour venir dialoguer avec les éléments en surface. 


Plus que la fresque habilement exécutée (et pour laquelle j’ai beaucoup de respect), c’est la peinture qui s’écaille, coule, c’est le geste rapidement esquissé qui me font vibrer. J’aime le passage du temps et des éléments sur la pierre et le béton, j’aime quand la cité devient sauvage, quand elle se reconstruit, qu’elle est en mouvement, en devenir. J’aime qu’elle ne soit pas figée, j’aime quand ses bâtiments s’emboitent, ses ombres s’allongent, ses lignes s’étirent, j’aime quand elle s’invente, se met en scène. 


C’est un peu de nous sur les murs ; de nos mots d’amour, de nos colères de nos engagements, de nos faiblesses. C’est une histoire à ciel ouvert, à couleurs déployées, dont nous sommes acteurs et témoins. Les murs sont des regards à croiser, la ville est un vaste chantier. Garde les yeux ouvert, il y a matière à voir...


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