On pourrait dire hâtivement que la droite voudrait
structurer l’identité collective, voit l’art comme une belle représentation des
normes, canalise assez bien l’économie, et supporte assez bien la pauvreté.
Privilégie l’inné plutôt que l’acquis, l’ordre et la sécurité. Accepte de loin
l’art moderne et contemporain, avance l’art actuel comme un parapluie
cache-misère. La droite française n’est plus depuis longtemps la plus bête du
monde. L’extrême droite, souvent populiste et inculte, éprouve de la haine pour
l’art qui bouscule si fort les idées reçues.
Les nazis crucifiaient l’art vivant.
On pourrait dire hâtivement que la gauche voudrait
structurer l’altérité individuelle, voit l’art comme une présence troublant les
codes, canalise assez mal l’économie, et supporte assez mal la pauvreté.
Privilégie l’acquis plutôt que l’inné, le chaos et la tension créatrices.
Accepte de près l’art moderne et contemporain, voit l’art actuel comme un phénomène
de mode ou de prestige. La gauche française n’est plus la plus naïve.
L’extrême gauche a tôt fait de rejeter la création
et de crier à l’élitisme. Les staliniens crucifiaient l’art vivant.
Les artistes seraient donc, globalement, plus à
gauche ? Probablement.
Mais les profondeurs mentales, d’où surgit l’art,
ignorent les conditionnements de ses propres apparences, et celui des
idéologies…
Les medias font et défont le monde, au rythme
quotidien de l’agitation des titres, comme les petites vagues à la surface des
eaux, innombrables, chaotiques, et sans effet sur la vie profonde.
Et
si la politique n’existait plus qu’à la surface des choses ?
La réalité d’autrefois, et ses durs pépins, était
structurée par des mythes, des codes, des religions et des cultures, l’art
illustrait tout cela. On pourrait opposer, dans chaque pays, la vie réelle à la
réalité médiatisée. Frustration de la vraie vie… Attrait des réponses
idéologiques.
La politique ( vie de la cité, grands projets de
terre et d’humanité, problèmes des grands fonds ) semble condamnée à n'exister
plus qu’à travers les médias, et leur opportunisme fascinant.
Si les medias sont nos doubles, leurs surfaces sont
nos miroirs. Mais sans profondeur, comme la noyade est lente et cruelle...
On a du mal à respirer. Est-ce à cause du dehors épuisé qui s’abîme aux violentes pollutions, ou du dedans écoeuré qui s’abandonne aux idéologies décaties ? Le seul ours blanc qui aimait l’art s’est noyé aux eaux glacées des Frac. La peau de l’ours est rouge du sang des anonymes tueurs.
On a du mal à respirer. Est-ce à cause du dehors épuisé qui s’abîme aux violentes pollutions, ou du dedans écoeuré qui s’abandonne aux idéologies décaties ? Le seul ours blanc qui aimait l’art s’est noyé aux eaux glacées des Frac. La peau de l’ours est rouge du sang des anonymes tueurs.
L’humanité devrait consacrer toutes ses forces à
maintenir en vie ses demeures vitales. Les grands de ce monde devraient tous
protéger les petits hommes de leurs folies et de leurs férocités. Et donner le
bon exemple du bon usage de notre terre, quand des êtres de mauvaise vie, et
des combats d’arrière-garde, et des folies meurtrières souillent le sol,
polluent l’âme, et rendent la vie difficile. L’art est la voie royale d’une
humanité ouverte.
Voilà le programme d’un monde affranchi de ses
horreurs, baignant dans l’huile de la réconciliation générale et nageant dans
le beurre de la fraternité…
La fin des idéologies ou leur faim mauvaise ?
Il
était une fois – c’était même de nos jours – un monsieur plus ou moins normal,
c’est-à-dire Français, depuis 12524 générations, sans compter les invasions. Il
n’aimait pas trop se prendre la tête. C’est-à-dire que penser sans avoir mangé
lui faisait un peu mal au coeur. Il voyait bien que certaines choses n’étaient
pas correctes. Donc, et surtout quand il faut voter, (« votons nous les
uns les autres » disait ma française grand-mère ) l’immense complexité
d’une société lui paraît bien trop compliquée. « Que faire ? »
se demande ce brave monsieur qui n’aime guère l’art. « Faut aller au marché
des idéologies sommaires » répond l’écho tourmenté de son âme.
« Absolument », dit TF1 la sommaire télé qui prépare le terrain de tous
les abandons.
Le
monsieur va donc choisir son casse-croûte mental en fonction de l’idéologie qui
lui paraît la plus proche de son moral. Avec ou sans bronzage, avec ou sans
compte en banque, avec ou sans rancune, avec ou sans frontière... De tout pour
faire un monde à compartiments.
A
chacun son idéologie de mauvais services à humanité, uniforme mental étriqué
fait sur mesure industrielle. Celles des autres étant à combattre.
« L’ennemi est bête, il croit que c’est nous l’ennemi, alors que c’est
lui. » ( Système D. )
Les
idéologies, idées courtes et filles de pub, donnent de mauvaises réponses à de
bonnes questions. Grilles de mauvaise lecture. Slogans à penser. Pièges à
convictions, selon les filtres adoptés. Et elles se plantent tôt ou tard. Elles
n’aiment pas la raison, elles veulent avoir raison.
J’attends la fin des idéologies. Elles sont
empoisonnées d’inconscients noyaux de sourde affectivité, où baigne moins de
cœur que de rancœur. Ce sont de faibles armes pour comprendre la vie. Toutes
les idéologies se trompent, et trompent leur monde. On patauge, on fait puis on
défait.
Tant
que la faim des idéologies attisera les sales conflits, la fin de ces
caricatures pensives sera pour plus tard ! La réalité est trop riche et
trop pauvre, trop laide et trop belle, pour que les idéologies, filles faciles
de la technique et de la modernité, continuent de pourrir l’humanité. Apprenons
à penser plus haut que les idéologies.
Ce
sont les utopies qui font avancer le monde, pas les barrières idéologiques.
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