samedi 15 octobre 2011

L'ART, OU LA FIN DES BARRIERES IDEOLOGIQUES (Christian Noorbergen)

On pourrait dire hâtivement que la droite voudrait structurer l’identité collective, voit l’art comme une belle représentation des normes, canalise assez bien l’économie, et supporte assez bien la pauvreté. Privilégie l’inné plutôt que l’acquis, l’ordre et la sécurité. Accepte de loin l’art moderne et contemporain, avance l’art actuel comme un parapluie cache-misère. La droite française n’est plus depuis longtemps la plus bête du monde. L’extrême droite, souvent populiste et inculte, éprouve de la haine pour l’art qui bouscule si fort les idées reçues.  Les nazis crucifiaient l’art vivant.
On pourrait dire hâtivement que la gauche voudrait structurer l’altérité individuelle, voit l’art comme une présence troublant les codes, canalise assez mal l’économie, et supporte assez mal la pauvreté. Privilégie l’acquis plutôt que l’inné, le chaos et la tension créatrices. Accepte de près l’art moderne et contemporain, voit l’art actuel comme un phénomène de mode ou de prestige. La gauche française n’est plus la plus naïve.
L’extrême gauche a tôt fait de rejeter la création et de crier à l’élitisme. Les staliniens crucifiaient l’art vivant.
Les artistes seraient donc, globalement, plus à gauche ? Probablement.
Mais les profondeurs mentales, d’où surgit l’art, ignorent les conditionnements de ses propres apparences, et celui des idéologies…
Les medias font et défont le monde, au rythme quotidien de l’agitation des titres, comme les petites vagues à la surface des eaux, innombrables, chaotiques, et sans effet sur la vie profonde.


Et si la politique n’existait plus qu’à la surface des choses ?

La réalité d’autrefois, et ses durs pépins, était structurée par des mythes, des codes, des religions et des cultures, l’art illustrait tout cela. On pourrait opposer, dans chaque pays, la vie réelle à la réalité médiatisée. Frustration de la vraie vie… Attrait des réponses idéologiques.
La politique ( vie de la cité, grands projets de terre et d’humanité, problèmes des grands fonds ) semble condamnée à n'exister plus qu’à travers les médias, et leur opportunisme fascinant.
Si les medias sont nos doubles, leurs surfaces sont nos miroirs. Mais sans profondeur, comme la noyade est lente et cruelle...
On a du mal à respirer. Est-ce à cause du dehors épuisé qui s’abîme aux violentes pollutions, ou du dedans écoeuré qui s’abandonne  aux idéologies décaties ? Le seul ours blanc qui aimait l’art s’est noyé aux eaux glacées des Frac. La peau de l’ours est rouge du sang des anonymes tueurs.
L’humanité devrait consacrer toutes ses forces à maintenir en vie ses demeures vitales. Les grands de ce monde devraient tous protéger les petits hommes de leurs folies et de leurs férocités. Et donner le bon exemple du bon usage de notre terre, quand des êtres de mauvaise vie, et des combats d’arrière-garde, et des folies meurtrières souillent le sol, polluent l’âme, et rendent la vie difficile. L’art est la voie royale d’une humanité ouverte.
Voilà le programme d’un monde affranchi de ses horreurs, baignant dans l’huile de la réconciliation générale et nageant dans le beurre de la fraternité…

La fin des idéologies ou leur faim mauvaise ?

Il était une fois – c’était même de nos jours – un monsieur plus ou moins normal, c’est-à-dire Français, depuis 12524 générations, sans compter les invasions. Il n’aimait pas trop se prendre la tête. C’est-à-dire que penser sans avoir mangé lui faisait un peu mal au coeur. Il voyait bien que certaines choses n’étaient pas correctes. Donc, et surtout quand il faut voter, (« votons nous les uns les autres » disait ma française grand-mère ) l’immense complexité d’une société lui paraît bien trop compliquée. «  Que faire ? » se demande ce brave monsieur qui n’aime guère l’art. « Faut aller au marché des idéologies sommaires » répond l’écho tourmenté de son âme. « Absolument », dit TF1 la sommaire télé qui prépare le terrain de tous les abandons.
Le monsieur va donc choisir son casse-croûte mental en fonction de l’idéologie qui lui paraît la plus proche de son moral. Avec ou sans bronzage, avec ou sans compte en banque, avec ou sans rancune, avec ou sans frontière... De tout pour faire un monde à compartiments.
A chacun son idéologie de mauvais services à humanité, uniforme mental étriqué fait sur mesure industrielle. Celles des autres étant à combattre. « L’ennemi est bête, il croit que c’est nous l’ennemi, alors que c’est lui. » ( Système D. )
Les idéologies, idées courtes et filles de pub, donnent de mauvaises réponses à de bonnes questions. Grilles de mauvaise lecture. Slogans à penser. Pièges à convictions, selon les filtres adoptés. Et elles se plantent tôt ou tard. Elles n’aiment pas la raison, elles veulent avoir raison.
J’attends la fin des idéologies. Elles sont empoisonnées d’inconscients noyaux de sourde affectivité, où baigne moins de cœur que de rancœur. Ce sont de faibles armes pour comprendre la vie. Toutes les idéologies se trompent, et trompent leur monde. On patauge, on fait puis on défait.
Tant que la faim des idéologies attisera les sales conflits, la fin de ces caricatures pensives sera pour plus tard ! La réalité est trop riche et trop pauvre, trop laide et trop belle, pour que les idéologies, filles faciles de la technique et de la modernité, continuent de pourrir l’humanité. Apprenons à penser plus haut que les idéologies.
Ce sont les utopies qui font avancer le monde, pas les barrières idéologiques.

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