Sur le temps
long de l’histoire, les historiens guettent fébrilement les points de rupture,
les évolutions brutales, l’irruption d’un nouveau courant artistique. Chacun
rêve d’identifier une œuvre digne des Demoiselles d’Avignon de Picasso (1907),
tableau novateur par essence, considérée comme la première œuvre cubiste, et à
ce titre jugée comme étant « antiartistique »
par le député Jules-Louis Breton lors d’un célèbre discours à la Chambre des
députés (3 décembre 1912) !
A l’échelle
de l’œuvre d’une artiste, Armelle Le Dantec en l’occurrence, pouvons-nous si
facilement identifier une rupture dans son parcours personnel ? Retour sur
un vernissage …
Vendredi 16 septembre 2011, fin d’après-midi
ensoleillée. Beau week-end en perspective ! Les gens arrivent au
vernissage de la nouvelle exposition d’Armelle Le Dantec, décontractés, heureux
de se retrouver pour soutenir une artiste mancelle bien connue et appréciée de
tous. Cependant à leur entrée dans la salle, les visages se crispent.
Impossible pour eux de cacher leur étonnement. Chacun connaît l’artiste, son
parcours, son œuvre. Plus précisément, chacun croyait les connaître !
Personne ne dit rien mais les murmures l’attestent : la surprise est
totale !
L’artiste
s’en doutait. Aussi livre-t-elle quelques clefs de lecture de ces nouvelles
œuvres, lors de sa prise de parole officielle. Elle parle, avec pudeur de ses
doutes, de ses angoisses qui définissent si bien toute quête artistique. Oui, elle
a connu, comme l’écrivain, la peur de la « page blanche ». Oui, les
couleurs que nous pensions inhérentes et indispensables à son travail ont
disparues !!! Des ballades dans la nature, ses interrogations personnelles
ont engendré cette nouvelle confrontation brutale entre le blanc du papier ou
de la toile et le noir brut du geste créatif. Applaudissements. Le buffet est
ouvert.
Les
conversations se font plus vives. Les langues se délient. Chacun
commente ! Mais en réalité s’agit-il réellement d’une rupture ? A
chacun son opinion mais force est de constater que le squelette graphique de
ces nouvelles œuvres est commun aux précédentes.
La sémantique du langage artistique d’Armelle Le Dantec est
intacte. Un constat qui n’est pas anodin …
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