Elisabeth Bard parcourt les chemins
pulpeux du signe. L'artiste chasse essentiellement sur les terres de la
fluidité des encres. Elle y trouve des figures d'une écriture en devenir.
Par l'épure, à force de creuser jusqu'à
l'intime, l'artiste donne forme à ce qui va s'imposer comme vocable possible
pour dire l'instant. Elle fait transpirer ses couleurs d'eaux et d'encre aux
quatre points cardinaux jusqu'à suggérer que ce sera dans les entre deux
fugaces que bat le cœur du monde. Sa parole se déploie tout autant entre les
anciens mythes que dans les récits contemporains car il s'agit pour elle de
dire les liens à tisser, à recoudre parfois mais toujours à vivre avec les
autres. Émotions originelles qui d'ombres en ombres se dessinent sur les
voyelles fluides, se déploient puis, se heurtant aux consonnes, elles syllabent une
langue si étrangère que quiconque l'écoute et l'entend, peut par ses vocables
pertinents, goûter, sentir pour de vrai sa si légère présence en ce
monde.
L'artiste construit avec constance son
art qu'elle décline sans autre intention que d'être là.
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