dimanche 21 juillet 2019

NICOLE ANQUETIL : ENTRE VISIBLE ET INVISIBLE (Michel Lamballe)


Flexion, ré-flexion, contorsion  en tous sens, sans doute hanté par le sens qui se dérobe au désir d’en posséder, ne serait-ce qu’une infime partie. Faut pas lui en vouloir au sens, il est comme ça, c’est sa nature.
Sitôt acquis, possédé, il devient leurre. S’y accrocher, c’est perdre son temps. Un lieu où « l’arrivée » n’existe pas. Le propre d’une quête ?  Une marche au présent,  démunie de tout aboutissement  avec l‘espérance tenace d‘aboutir.
Comme le formulait Confucius,  le plus grand voyageur,  c’est celui qui a fait une fois  le tour de lui-même… Un bien curieux voyage que celui-là, où l’intention l’emporte sur la finition.
Ce qui fait d’ailleurs la magie  d’une toile abstraite,  c’est qu’elle n’est jamais finie.  Le mouvement, fluidité ou opacité  délestés sur le support ignore la fatigue. Avec ou sans ticket, on rentre ou pas dedans  mais lorsque le manège nous emporte…  Il intrigue, suscite l’agacement ou rend hilare. Il ne laisse pas… tranquille.
Le bedeau rendre chez lui, tacheté d’un vague à l’âme,  quasi indéchiffrable. Le connaisseur, rassuré, encadré,  dans sa grille de lecture  se mure dans l’asepsie de son savoir.
Au carrefour de l’intelligence analytique  et de l’intelligence intuitive, l’éventail vibratoire peut lui échapper.
Et pourtant, quand ces deux instances  se retrouvent sur le même pallier,  lorsque l’une dit à l’autre : là, c’est mieux  de plus réfléchir que de peindre !
Quelle acrobatie  et quelle astreinte que de mettre en résonance  deux registres concurrents !
Et ce, sans perdre l’état de grâce de l’art  de se laisser surprendre par l’inattendu  qui surgit de ce laisser-faire, discrètement volontaire. Quand s’ouvre devant soi  les portes de l’abstrait, quelle invitation !
Se confondre à se taire  et respirer l’indicible… sa propre terre.






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