Après un séjour à la Casa Vélasquez en 2003,
Charlotte a revisité la peinture de Vélasquez, Vermeer ou Hals. Comment ces
maîtres de la peinture auraient-ils peint s’ils étaient de notre temps, Charlotte
nous en donne une idée, sa version. Car si l’on reconnaît au premier coup d’œil
ces tableaux célèbres, la matière, la texture de la peinture en sont totalement
différentes. La fluidité de la peinture, le geste non effacé leur donne un
aspect des plus contemporain.
Elle tente même de recréer les « Ménines »
de Vélaquez, « Le déjeuner sur l’herbe » de Manet ou « La
liberté guidant le peuple » de Delacroix en trois dimensions, des cartons
découpés, des silhouettes à peine
surlignées, des collages recréent l’image connue tout en lui donnant une
profondeur, une perspective différente.
Il y a toujours, chez Charlotte de Maupeou, cette volonté de demander au spectateur un
effort sur ce qu’il regarde, ce qu’il voit. C’est l’objet de ses derniers
travaux sur le reflet. De grands tableaux
figurent le reflet de personnages dans l’eau, cela doit se regarder à
une certaine distance. Là encore, le geste est nerveux, le tremblement de
l’onde d’une eau qui avance, viennent perturber l’image.
Mais ce qui caractérise l’ensemble des travaux de
Charlotte de Maupeou, c’est un geste
fort, une détermination à entrer dans la peinture et l’un de ses éléments
fondamentaux l’eau.
La dilution de la peinture, la dilution des corps.
Lucien Ruimy
CHARLOTTE EST LUMINEUSE, AUDACIEUSE ET TEMERAIRE (Nicole Anquetil)
Elle arrive comme une reine, bottée et coiffée d’une
belle toque en renard. Dehors il gèle, Charlotte rayonne.
La présentation des toiles commence rapidement, elle
dévoile les toiles comme on tourne les pages d’un livre, son compagnon soulève
les grands châssis, toiles immenses effeuillées une à une. C’est un
émerveillement, tous ces reflets des corps dans l’eau, dernières œuvres
réalisées. L’envers est aussi beau que l’endroit, Charlotte s’en amuse et s’en
étonne, les surprises sont totales. Les corps sont déliés, le geste est
fulgurant, tout va vers la simplicité, la fugacité, l’artiste est pressée. Les
bleu et les rose se marient, les vert profonds structurent le tableau, les
touches sont rapides et spontanées, grands traits rageurs, toiles caressées par
les larges coups de pinceaux, grandes cicatrices balafrant les chevrons de la
toile brute.
Puis les petits carrés défilent, gros plans sur des
personnages bien abrités derrière le cadre de verre, personnages au fond qui ne
demandent qu’à sortir. Charlotte est joueuse, curieuse et inventive lorsqu’elle
fait ses scènes en carton, art de la récup’ au thème évocateur de la Liberté,
du Déjeuner sur l’herbe ou des Ménines, autant de clins d’œil à l’art.
Charlotte jongle sans peur ni scrupule avec les grands noms de la peinture.
C’est magique et profondément humain, l’art magnifié, muséifié est à nos pieds.
C’est osé et réconfortant, Charlotte désacralise et cela fait du bien. Elle
remet l’œuvre d’art à sa place et met l’artiste au cœur du temps présent et du
vivant.
A l’étage, au sommet d’un escalier périlleux,
découverte des toiles plus anciennes rangées sous les toits. C’est là que
Charlotte peint, le lieu est chaleureux. La femme au chapeau rouge
m’impressionne, la force du portrait de Vermeer éclate sur le vieux mur de ce
hangar de Courdemanche, l’œil est vif comme le rouge du chapeau, la beauté des
traits du visage accroche la lumière. La femme sort du mur du hangar. La
couleur porte le personnage qui s’impose, rien n’est retenu, tout sort du
cadre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire