Au fil des jours, au fil des ans, Kristian Desailly approfondit sa vision du monde. Trois décennies après le début de sa quête picturale, il nous donne maintenant à voir, dans ses toiles, son univers esthétique à présent accompli, mais sans qu’il ait tout à fait oublié le temps de l’enfance – si sauvage, si spontané, si inventif - ni perdu l’impétuosité de l’adolescence.
La peinture de Kristian Desailly, cependant, ne convient pas aux regardeurs pressés. Il est nécessaire de traverser le miroir des apparences pour entrer dans cette œuvre créative empreinte de poésie, et apprécier comme il se doit une composition plastique peu perceptible au premier regard. Généreusement brossées, les grandes masses colorées peintes à l’acrylique forment un fond plutôt clair, structuré par un réseau de traits noirs au fusain, et rehaussé çà et là de signes au pastel, comme tracés par un chaman qui seul en connaîtrait la signification. Ce qui nous rappelle opportunément que « l’acte d’imagination est un acte magique » ( Jean- Paul Sartre).
Autre point de vue pouvant retenir l’attention. Il ne me semble pas abusif de mettre en parallèle les peintures actuelles de Kristian Desailly et les couleurs automnales de cette contrée entre Ventoux et Luberon qu’il fréquente depuis sa prime jeunesse et où il habite désormais. Chez qui se souvient de la lumière du Pays de Gordes, à la fin de l’été, peut s’établir un rapport subliminal entre une perception terre à terre de la Nature (teintes des vignes, des cerisiers... allant des jaunes aux rouges en passant par tous les ocres, confrontées aux bleus des ciels, mais équilibrées par les sombres masses des cyprès, des chênes verts...), et la contemplation de la palette éclatante des œuvres abstraites de Kristian Desailly. ( A suivre...)
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