Dans la salle
délabrée, posées par terre, les toiles du peintre... Archéologies
verticales, posées en strates. Il faut se pencher, les déplacer une à une pour
connaître les fondements d'une identité douloureuse. Et puis, tout à coup
des feux colorés mangent les murs. Concoctées dans des marmites
joyeuses, les couleurs tranchées s'élèvent vers le ciel du plafond.
Certains murmures dans le public saluent la force du soubassement, la violence
nécessaire d'un dire émouvant et l'hommage respectueux adressé à un artiste
dont nous mesurons l'importance. Une déchirure noire et blanche, des
épreuves d'identité crient leurs décalages. Ça nous prend aux tripes,
pas de compassion, un état de fait contre les faits établis. Seule la
densité du silence, l'intensité des regards et l'arrêt stupéfait semblent à la
hauteur du sujet. Le peintre les a posés là et c'était à nous d'y aller
voir. Il n'y a pas d'autres formes de solidarité humaine sans cet effort
!
Mais cela ne le
préoccupe peut être plus ! C'était juste pour dire : « ce fut ! ». Il
vise ailleurs. Des espérances plus rieuses empreints de mouvements où perce
l'humour de la vie.
Une cuisine de
pâtes colorées, des labyrinthes de signes musicaux, une envie de senteurs, de goûts et de
dérives naïves. Il semble qu'une fois le « il était une fois »
déposé, il se libère de l'emprise des questions pour s'envoler vers la
joie des jeux d'enfants. Il jubile dans les découpages, le rire n'est
pas loin. « Il s'éclate ! » comme on dit. Quand nos regards suivent
le mouvement vertical vers les mosaïques bariolées, nous nous surprenons à
sourire avec lui.
Le drame est
derrière, en bas, en dessous, l'avenir vibre et se déploie sur les murs avec l'exubérance
enfantine de celui qui s'échappe du carcan. L'envol est bénéfique pour tout le
monde, nous nous surprenons à lui souhaiter : « Bonne route sur
ces chemins là ». Un jour, il nous prendra l'envie de le retrouver
plus loin avec la tendre certitude que l'enracinement fut nécessaire, un
temps de solitude pour se donner l'opportunité des « allers vers ! ».
N'est-ce pas le
lot de chacun(e) et prenons-nous vraiment le temps de cette mise en demeure pour que
s'ouvrent d'autres espaces ?
Merci de nous
inviter à l'utopie des couleurs à venir !
Un artiste n'est-il pas pour ces élans là, un bon compagnon de route ?
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