dimanche 21 juillet 2019

ANNIE LUNARDI (Thierry Gaudin)




Et puis / Épis / Puits / Nés des semis / Issus des peaux / Des vélins des enveloppes étalées / Retrouvées récupérées / Rééduquées / Pulpes écrasées / Au contact des épissures / Des reliures / Des alliances éclairées / Entre les réels / Qui se manifestent au réveil / Des termes et des reliefs / Quand de l’absence en séquences / Les frontières précèdent les actes / Et les faire céder et se révéler / Manipulation / Entre hier et la main / Épidermes des idées / Manifestes mesurées / Qui s’inventent de nouvelles équations / Pulsations convoquées / Invitées à apparaître / Là où ça bat / Le perceptible entre les pores / Ces ports ouverts dans la blanche / Luminosité qu’exprime / La pulpe au centre / Celle qui vient connecter / Les régulations oubliées / Ou simplement tues /À réécrire quelques part / Sur la surface qui existe / Mais qui n’était pas sollicitée / Le battement des paupières / De papier / Le sillage s’en vient peupler / Des cartographies / Gisantes dans les silences / Palpables dans les absences / Les équivoques par non identification / Laisses ponctuées / Par l’organisation des peaux cibles / Où s’en viennent par application / Des doigtés mordorés / Ou blancs et noirs / Ou ocrés / Palettes récupérées du réel / Dans les courbes arborés / Dans les arbres découpés / En lignes concentrées / Reliefs vascularisés / Irrigation des organes sous-jacents / Irisation des rythmiques / Organiques insoupçonnées / Par non nourrissage / Car les passages s’étaient taris / Ou simplement décapés / Gommés amputés / Par l’obsolescence et la vacance / Des iris ou uvées fatiguées / Lassées esquintées / Nécessairement à réalimenter / À décongestionner / Et rendre au visible / Au perceptible / Entre les limites / Les frontières des organes / Cartographies décisives / Qui s’en viennent jusqu’au ductile / Par des voies minuscules / Ou impératives / Jongler avec les existences / À l’aulne des empathies / Négociées au jour la nuit / Ou à la lumière noire / Des lucidités électives …








jeudi 4 juillet 2019

ELISABETH BARD : A L'OMBRE DES MOTS … (Yannick Lefeuvre)


Elisabeth Bard parcourt les chemins pulpeux du signe. L'artiste chasse essentiellement sur les terres de la fluidité des encres. Elle y trouve des figures d'une écriture en devenir. 
Par l'épure, à force de creuser jusqu'à l'intime, l'artiste donne forme à ce qui va s'imposer comme vocable possible pour dire l'instant. Elle fait transpirer ses couleurs d'eaux et d'encre aux quatre points cardinaux jusqu'à suggérer que ce sera dans les entre deux fugaces que bat le cœur du monde. Sa parole se déploie tout autant entre les anciens mythes que dans les récits contemporains car il s'agit pour elle de dire les liens à tisser, à recoudre parfois mais toujours à vivre avec les autres. Émotions originelles qui d'ombres en ombres se dessinent sur les voyelles fluides, se déploient puis, se heurtant aux consonnes, elles syllabent une langue si étrangère que quiconque l'écoute et l'entend, peut par ses vocables pertinents, goûter, sentir pour de vrai sa si légère présence en ce monde. 
L'artiste construit avec constance son art qu'elle décline sans autre intention que d'être là.







dimanche 30 juin 2019

YVES BARRÉ : SOL, SOLEIL, L'ŒIL ! (Yannick Lefeuvre)




Immédiatement, sur ses toiles, la joie de la couleur explose, on en ressort nimbé. Ses tableaux racontent le jour ensoleillé du monde, on prend en pleine face un coup de jeunesse heureuse. Une confiance revenue, un pas alerte dans la tête, un jeu de quilles sur le bord des lèvres, on respire avec lui. Puis tout de même, une fêlure juste au coin de l'œil, au bord des larmes, juste un petit coin salvateur par où passer. Alors, le public en confiance ose se faire oiseau, souris ou dragon car il y a là seuil à franchir, porte à ouvrir et tout à coup tant à se dire. Il donne alors processus à ces cheminements picturaux, des structures proches du symbole, des ruptures fécondes de pensées neuves et surtout ce par où il passe donne sens au désir. Mais loin de lui les prises de tête, le verbiage abscons, la parole inutile, c'est vers la tendresse qu'il déploie les poils vibrants de son pinceau sur des toiles généreuses pétries au levain dans leurs sobres carrés. Pinson, vers le jeu de vocables, vipère vers le poème sans virgule ni poing, légers zéphyrs vers les mélodies de la vie. Pas à pas, seconde après seconde, de souffle en souffle, il avance et on le suit. Yves Barré, artiste atypique, le génie de la surprise en bandoulière trace sa route originale, féconde et pleine de vie. Il aime quand lui même surpris par ce qu'il donne, surprend celui qui éberlué partage le rire avec lui. C'est une façon si rare d'être artiste que le bonheur de le connaître nous ravit.





mercredi 19 juin 2019

ANNE LESCA : LA ET LA ! (Yannick Lefeuvre)





Elle s'appuie sur le vent et donne ainsi mouvement à ses compositions. De là, jaillissent de fines toiles, des liens ajourés, des filets aux fins maillages, des colliers de sensations aériennes. Il y a là une apparente simplicité qui coule de source. Les couleurs tout à coup complices disent leur plaisir de tant de résonances intérieures. Que ces masses, formes et sculptures comme autant de nuages laissent filer leurs pluies fines est une joyeuse surprise visuelle. Il y a aussi dans le cheminement rigoureux de Lesca Anne un désir de retrouver l'origine de la matière céramique ... terres cuites et pourtant contenant en elles des envols, des montées possibles vers les premières herbes, les élans sensuels, les attaches amoureuses, les éclaboussures, les mousses, les chevauchées. Là où la pensée n'y peut pas grand chose sinon parfois un mot qui s'échappe et s'inscrit sous la toile (antique, daï, earing et Dieu sait quoi!), heureux de sa consistance, il nous envole ainsi nommé et c'est très rare. Un coin de stupeur enjouée, juste pour se relier avec les esprits de ses œuvres si originales qu'on en ressort étonnés d'aller, de marcher, d'avancer dans son sourire.




dimanche 16 juin 2019

MARC LIMOUSIN : SUIVRE LE FIL ... (Yannick Lefeuvre)


Photo Evgenia Saré
Marc LIMOUSIN



Marc Limousin tente de capter les sensations venues du monde, celles d'un Rimbaud, du «  picoté par les blés » qui de cette émotion le mène à «  fouler l'herbe menue ». soit un geste artistique. Un « jeté du bras » qui vient en réponse au bonheur d'avoir reçu, à la joie d'être là, au don d'en traduire quelque chose. Pourtant, il reste humble dans son exploration. Il s'exerce à mille et une tentatives pour cerner la merveille. Et celle là, vue au Mans ce week-end, une simple ligne qui relie trois concentrés de formes-couleurs. C'est si simple que le public s'interroge et parfois passe à coté. Quelques uns y voient une ligne d'erre pour écrire, d'autres une arabesque calligraphique et pour ma part, je veux y voir une note qui va vibrer dans les en-dedans mais aussi les transporter de l'une à l'autre sur une vibration musicale tenue à travers et au-delà … qui de l'origine aux confins va s'effilochant dans l'univers. La ligne musicale éclaire, relie et touche les espaces de sensations à la teneur, terreur et bonheur de matières emmêlées charnelles et parfois sculptées. Parfois, il ose la structure des cartes, tenté aussi par la géographie comme autant de tentatives vaines de retenir, d'asseoir et de repérer les fugaces impressions venues des territoires du monde. En fait, toute matière semble reliée par un lien musical. Un lien harmonique entre petits ou grands chaos. Ce serait une ligne de front insaisissable qui nous invite à vivre l'horizon non comme limite ou frontière mais comme relais de nos désirs sensibles. 
Le plasticien funambule avance sur ce fil et vous salue d'en haut sans oublier de vous tenir la main en bas afin que notre regard confiant s'ouvre à la beauté du monde..