vendredi 18 mai 2018

LAURENT DELAIRE : LA LUMIERE SOUSTRACTIVE DE L’ECLIPSE (Hugues Bourgeois)

Lumière réactive, créative. Les œuvres marquent l’œil, et comme par réflexe,  les pupilles se dilatent pour s’accommoder à la pénombre,  la mémoire  se souvient du noir profond des origines, une nuit dense et sans étoile cerne les bords de la toile et s’avance vers le centre de l’espace. 
De loin, le noir semble fragile, poudreux comme du graphite sur lequel on pourrait souffler pour révéler plus largement encore au centre le paysage lumineux. Le noir est dense et immobile, dans un équilibre subtil avec la lumière. 
C’est comme une éclipse en plein désert. On crie « Fiat lux ! ». La lumière est douce, sépia, elle résiste au noir, forte de son immobilité. Equilibre spatial, équilibre temporel. Un temps suspendu s’invite dans l’espace : crépuscule ou point du jour ? La nuit tombe-t-elle ? Le jour se lève-t-il ? L’œil avance pour savoir, pour explorer l’espace, pour écouter les sons qui pourraient en dire plus. Au centre, il y a quelque chose sur lequel le regard se pose. Pyramide ? 
Tente ? Oasis ? L’humanité est là, devant nous, elle nous appelle, elle nous attend. Il y a aussi la prédelle et ses messages écrits dans une langue inconnue qui pourraient résoudre l’énigme. L’intelligence est elle aussi suspendue dans une impossible lecture qui rajoute au sentiment d’étrangeté de l’œuvre. Toute volonté de compréhension est annihilée par nos sens suspendus à la contemplation. La toile a la force mystique d’une véritable Œuvre au noir et nous offre l’alchimie de nous connecter à nous même.





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