De loin, le noir semble
fragile, poudreux comme du graphite sur lequel on pourrait souffler pour
révéler plus largement encore au centre le paysage lumineux. Le noir est dense
et immobile, dans un équilibre subtil avec la lumière.
C’est comme une éclipse
en plein désert. On crie « Fiat lux ! ». La lumière
est douce, sépia, elle résiste au noir, forte de son immobilité. Equilibre
spatial, équilibre temporel. Un temps suspendu s’invite dans l’espace :
crépuscule ou point du jour ? La nuit tombe-t-elle ? Le jour se
lève-t-il ? L’œil avance pour savoir, pour explorer l’espace, pour écouter
les sons qui pourraient en dire plus. Au centre, il y a quelque chose sur
lequel le regard se pose. Pyramide ?
Tente ? Oasis ? L’humanité
est là, devant nous, elle nous appelle, elle nous attend. Il y a aussi la
prédelle et ses messages écrits dans une langue inconnue qui pourraient
résoudre l’énigme. L’intelligence est elle aussi suspendue dans une impossible
lecture qui rajoute au sentiment d’étrangeté de l’œuvre. Toute volonté de
compréhension est annihilée par nos sens suspendus à la contemplation. La toile
a la force mystique d’une véritable Œuvre au noir et nous offre l’alchimie de
nous connecter à nous même.
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