Ici, les corps prennent forme. Où les
formes prennent corps. Le travail de Sylvie Lobato met en lumière la genèse de
l’être. La terre originelle se meut, émeut dans son spasme de résistance au
chaos initial, dans des élans d’ocres, de rouges, de bruns, de clairs et
d’obscurs.
Humus, glaise, chair, le souffle sacré
vient tout organiser dans une frénésie sensuelle et fait tournoyer des corps
diffus, qui tendent quelquefois à l’abstraction d’un lyrisme vertigineux ;
des êtres aux contours inachevés, indistincts, mais cependant tangibles, pour
exprimer l’intangible loi de la vie en éclosion. Le Golem surgit d’un souvenir
de la Genèse, ou du Popol Vuh. L’artiste est prométhéen et
célèbre le règne du terraqué. La dimension mythologique traverse les toiles de
Sylvie Lobato depuis toujours.
Si la vie est possible, c’est aussi
dans la rencontre charnelle avec l’autre, cet autre qui semble parfois engendré
par le mouvement même de la chair en convulsion. L’acte créateur retrouve le
mythique androgyne.
Pour l’intensité, c’est Goya qui
rencontrerait Velickovic. Un combat épique se joue dans ces œuvres :
l’artiste en corps à corps avec son sujet, l’être qui lutte pour tenter sa
chance d’exister, le spectateur, pris d’assaut par tant de passions divisées.
En fin de compte, l’enjeu est
crucial : c’est toute la condition humaine qui est donnée à voir dans ce
travail fascinant.
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