Deux
visions de l’enfer. L’une insoutenable et révoltante. L’autre fantastique et
fantasmagorique. L’artiste Marc Héliès ne recherche jamais la facilité. Et tant
pis, si ses dessins peuvent choquer ou dérouter !
Dans sa série des Gueules cassées, il dénonce les horreurs
de la guerre en traçant le portrait des rescapés de la Première Guerre
mondiale. Les visages effroyables saisissent le spectateur comme une gifle.
Ils
rappellent que la guerre, qui nous semble si abstraite aujourd’hui, reste un
cauchemar absolu, l’enfer sur terre. L’artiste, qui est issu d’une famille de
militaires, a pris pour arme le stylo-bille et le papier calque. Il s’inspire
des photographies conservées aux archives de l’hôpital du Val-de-Grâce.
Marc
Héliès accole ses dessins translucides aux pages de livres pacifistes,
allemands et français, alliant les mots et l’image, le verbe et la chair. À l’ouest rien de nouveau d’Erich Maria
Remarque, Le Feu d’Henri Barbusse, Orage d’acier d’Ernst Jünger viennent
appuyer la révolte du dessinateur.
Dans
une autre série de dessins que Marc Héliès travaille en parallèle aux Gueules cassées, l’artiste évoque de
manière plus littérale l’enfer.
Déclinant le thème de la Tentation de Saint-Antoine, il peint les visions provoquées par le
Diable pour éprouver le saint homme. Griffant toujours le papier avec ses
stylos, Marc Héliès a commencé à dessiner sur les pages du livre du même nom de
Flaubert, puis il a abandonné ce support pour aborder de plus grands formats
sur papier vergé.
Cette série est l’occasion pour l’artiste de confronter techniques
abstraites et figuratives dans un même dessin. Le visage du saint n’est parfois
qu’une tache de couleurs, une pelote de traits anarchiques. Les visions
imaginaires sont quant à elle bien concrètes, d’une vérité naturaliste. Marc
Héliès inverse notre grille de lecture. Où est la réalité, où est le rêve
semble ainsi se demander l’artiste.
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