vendredi 7 février 2014

GASPARD NOËL : BOUGE DE LA ! (Yannick Lefeuvre)

Sur une seule image révéler la beauté du monde par des pointillés de soi sous forme de « Plouf ! » et du même coup évoquer le tragique d'un tombé là par inadvertance et tout ça de façon enjouée...voilà un tour de force digne d'être apprécié dans le paysage photographique contemporain ! Dans la grande suite naturelle qu'il occupe, il s'additionne un par un et la beauté des paysages uniques se dévoile à leurs justes grandeurs. Aujourd'hui, il nous indique qu'il faut (être) plusieurs de soi même pour s'ouvrir au sublime. Voilà un point de vue ludique étonnant qui révèle à la fois que l'être soi actuel est incapable d'y être et que le monde dans lequel nous sommes est devenu à ce point invisible.
Ça l'intéresse de s'inscrire dans la grandeur des espaces par la multiplication d'un soi brut de nu. Mise à l'épreuve du photographe pour nous révéler le vertige face à ce monde dans lequel il est, comme nous tombé là par hasard. Voilà une tentative originale qui nous laisse pantois et admiratif. Et du coup le sourire extasié qui pointe en nous devant ses photos emporte le regard vers ces contrées magiques à découvrir.
Par la façon de se prendre en photo, il nous surprend à nous surprendre à rêver le monde avec une sorte de tendresse malicieuse. Il nous fait passer par le regard de l'étonnant au détonant des questions existentielles. Un « Je-nous » grimpe tout seul à « plusieurs-lui »...Escaladeurs nus, hommes-fruits, ploufspierres.... Par l'écart épatant qu'il crée entre ces Petits Poucets blagueurs et la Géante Dame Nature, notre regard ainsi rafraîchi s'émerveille. Tout à coup mis à l'écoute de la grande vibration énigmatique du monde, nous mesurons avec émotion notre présence éberluée.
Par le truchement visible d'un multiple même quasiment animal il ouvre notre regard à la sauvage et magnifique réalité de la nature. En s'inscrivant ainsi dans la nature, créant le pas de coté, le détail (car il sait rester humble), la pensée émerveillée et ouverte à la sensualité d'un réel décor nous fait palpiter le cœur.
Sans en faire tout un plouf, son humour tout en étant respectueux des belles immensités donne dimension autant à la nature qu'à l'être qui une fois remis à sa quintuple place peut fraternellement s'ouvrir à l'émotion de la beauté. Ces petits lui multipliés butinent dans mille et une contrées, il s'y expose cul nu et nous explose de rire. Un régal de beautés, d'humour et un zest d'images philosophiques sans autres discours que celui de se laisser aller au plaisir de ses images à consommer sans modération !

(Si un lecteur attentif remarque combien je me répète dans ce texte qu'il sache que je fais en écriture ce qu'il fait sur ses photos...et toc et clic !)

lundi 3 février 2014

HERVÉ BOURDIN : C'EST LA TOUCHE FINALE ! (Yannick Lefeuvre)

Devant ses toiles, on reste bouche bée !
Des caricatures...des dessins énigmatiques...de la bande dessinée... avec en plus des inscriptions ici et là...le tout sur des apparitions picturales aux substances colorées qui dansent sur des toiles de fond malicieuses...Est-ce cela peindre ? Où est la peinture ? L'abstraction, la figuration ? Il y a de bonnes raisons de l'éviter car il est de ceux dont le pas de coté fait sens et réfléchir devant une toile est aujourd'hui très mal vu. 
Si nous osons franchir le mur, le saut une fois effectué, plus rien n'est pareil car ses toiles nous en disent long sur ce qu'il perçoit de la société, de l'amour et de la vie. Pour lui, rien n'est fini, tout est à faire et ça demande du temps, de l'énergie et de la patience...le sens d'une toile passe par de multiples strates, chacune comme autant de distances à intercaler pour advenir à la pensée d'une étoile.
Peut être que ce lent processus lui donne l'opportunité de réfléchir avec ce plaisir où l'humour se tient toujours en embuscade. Rien n'arrive d'emblée. S'il y a d'abord pour lui l'émotion de l'instant, il n'en reste pas là. Le désir de le saisir et d'y goûter (car c'est un sensuel) puis de nous le restituer en vue d'un partage scande son labeur. 
Un long processus s'engage. Il sait et nous apprend que penser en image demande un investissement où l'œil, la main et les machines actuelles doivent se succéder mais chacune déploie son propre espace-temps pour que la composition qui se réalise par couches superposées advienne et ouvre au sentiment. La réjouissante insistance des êtres toujours saisis dans leurs pleines vivacités donne aux échanges des regards, des mimiques et des situations une vibration chaleureuse. Il me vient en écho à son travail une parole de mon grand père qui disait « Même avec du bois tordu, on fait un feu droit ». 
Ce parcours original et tortueux nous emmène vers une vie où tragique et comique s'imbriquent dans le réel des passions humaines. L'humanisme sans mièvrerie nous est proposé avec une générosité dont le trait, les couleurs et les transparences s'harmonisent comme autant de témoins amoureux.
Il semble nous inviter à des noces où l'éveil va son chemin.

Ce jour là en allant se balader en sa compagnie, il fait un très beau temps décalé et rieur !

samedi 1 février 2014

STÉPHANE ARRONDEAU : PASSE MURAILLE ! (Yannick Lefeuvre)

Stéphane ARRONDEAU
Au commencement, il est dit que le souffle et la parole créent la lumière. Elle, la lumière en vraie ... par une trouée dans la masse feuillue d'une forêt sombre... clarté qui tombant du ciel dans sa présence fulgurante nous arrête. Elle ... la lumière qui traversant … par les fentes en ogive pratiquées dans les épaisseurs murales des églises laisse passer à travers leurs transparences colorées la substance luminescente des jours. 
Une invitation faîte à notre esprit de s'ouvrir à l'ineffable beauté. Cette dernière, c'est bien sûr la lumière des vitraux, frontières entre l'en dehors du monde et l'en dedans du lieu de prières ouvrant l'espace clos à la possibilité d'une présence, d'une couleur et du simple ravissement du plaisir des yeux. L'artiste conjugue et tutoie la lumière par le jeu des glissements des couleurs...du bleu au sensuel orange que cadrent les squelettes de plomb... spirales mélodiques...ode aux subtiles nuances...hors des clichés ancestraux....respectueux des origines mais présent dans l'aujourd'hui...avec ténacité  il ouvre des chemins !
Si nous nous demandons à quoi sert tout ce travail, voilà une histoire. Une fois, j'entendis un dialogue entre une grand mère et son petit fils levant leur nez vers un vitrail :
Elle lui disait : « Tu vois, nous, on est entré par la porte (elle montre la porte) et Lui il passe par la fenêtre (elle montre le vitrail). Quand je serai là-haut avec Lui si tu reviens ici, tu entreras par la porte et moi je te ferai signe par la fenêtre. L'enfant sourit et embrasse sa grand-mère aux anges. »
Forcément arrimé à la lumière vivifiante d'un grand récit, l'artiste écoute. Il sent qu'il ne s'agit plus aujourd'hui d'y croire ou non mais d'y être. Le propos de l'artiste se tient dans cet écart entre un récit qui le situe et un sujet qui s'ouvre à sa présence au monde. Quelle démesure de vouloir représenter ça ! Quelle prouesse ! ...et au final, le vrai courage du petit homme face à la grande question... Merci à l'artiste dans son vouloir être au monde aujourd'hui soumis à l'avoir de se situer résolument à cet endroit où l'être passe dans la lumière !



jeudi 30 janvier 2014

CRISS CUSSON L’ADOLESCENCE D’UNE REVOLTE MUSICALE OU PICTURALE ? (Sandra Detourbet)

S’il projette au loin celle qui scintillera…
Nous voici à peine conscients de l’avant et de l’après décibel où le cœur de la sono vrombissante assourdit nos peurs les plus secrètes. 
Si dans le domaine de l'acoustique, on exprime couramment le niveau sonore en décibels, valeur qui exprime  le rapport des puissances entre la grandeur mesurée et une valeur de référence fixée par une norme ; dans le domaine de la peinture, on exprime souvent le niveau du rêve en densité physique. Cette valeur exprime alors le rapport entre la profondeur effleurée et l’aptitude à explorer l’inconnu.
Le décibel est un sous-multiple du bel, qui est très rarement employé. Ni le bel, ni le décibel n'appartiennent au système international d’unités et Criss Cusson, lui n’appartient à aucun système, il est un sur multiple du beau, tout simplement.
Criss Cusson est ailleurs.
S’il y avait un temps où vous n’auriez jamais vingt ans, vos larmes y couleraient à flot, unique printemps diluvien de votre désir.

« Être » dans sa toile, c’est naître sans abscisse ni ordonnées, dans ce repère prénatal où grondent des sons punk - pop – rock – uper space. Il est le TEAN  AGER indéterminé de nos voix lactée.
Lui sait cette juste distance qui nous rapproche de nous même, à la frontière de la chaire et de son contraire. Ce frère, cet envoleur qui risque sa vie pour vous déplaire à jamais, réveiller en vous votre héros, ce rose érotique.
Mister Criss Cusson est un mousquetaire hybride, un romantique anti conquistador. Son corail au milles vulves filtre la flore électrique. « Cette femme est un homme… ! » Sa fleur est secrète. Et le parfum qui s’étale danse avec ce qui de vous ne s’avoue.