Avec ses "ferrailles",
Dominique Brizé fait parler un matériau abandonné, trouvé au hasard de balades,
proches ou lointaines. Posées, puis fixées sur un panneau en bois, elles sont
travaillées pour revivre avec d'autres
matières comme de la limaille de fer, de la cendre ou des débris de verre.
C'est le croisement d'une "histoire" que l'artiste se
raconte et d'une "harmonie"
qu'il revendique tout "en laissant
parler la ferraille". "C'est
elle qui décide, explique-t-il. Elle
donne l'idée qui se nourrit au fur et à mesure que j'avance. Je ne cherche pas
à faire du sens mais à composer pour que ça s'arrange bien jusqu'au moment où
il me semble qu'une histoire a été racontée."
Le peintre se met en mesure
d'accepter le sens amené par la matière qui peut conserver, voire imposer sa
nature, sa relation à un lieu, à un degré plus ou moins avancé. Un tableau
intitulé "La Paz-Alto" est
peut-être l'exemple le plus significatif de cette relation. Des éléments rapportés
de la cité même se retrouvent imbriqués, presque naturellement, dans l'image de
constructions et nourrissent ainsi une double métonymie qui fonctionne à la
fois par l'origine des matériaux et leur capacité à évoquer ce à quoi ils
étaient destinés.
Rongée par le temps au
moment où elle est ramassée, la ferraille transmet à l'œuvre ses couleurs
altérées mais toujours opportunes à l'endroit où elles s'insèrent.
Il arrive parfois que, chemin
faisant, l'idée première se perde, bascule jusqu'à entraîner le renversement du
tableau. Un trait, une surface, peuvent alors réveiller un nouvel axe de la
composition et clarifier des mouvements d'ensemble jusqu'alors inopérants. Rien
à voir avec un mécanisme de puzzle, cependant. S'il y a jeu, c'est dans la recherche
d'un équilibre délicat qui maîtrisera la froideur du métal jusqu'à lui conférer
une certaine sensualité.
Et chez Dominique Brizé qui
pratique aussi la peinture à l'huile depuis une trentaine d'années, le plaisir
de la couleur est identique d'une technique à l'autre. Manier les morceaux de
ferraille, poser des touches de peinture participent de la même démarche. La
seule différence est dans le geste, méticuleux dans le travail à l'huile, plus
ample dans la manipulation du métal, mais toujours guidé par la délicatesse.
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