vendredi 14 mars 2014

NOUVELLES ÉCRITURES (le premier vitrail de Daniel ROUYER) (Stéphane Arrondeau)

Selon les manuels scolaires d’histoire, les premières écritures, cunéiformes ou à base de pictogrammes, avaient des fonctions essentiellement administratives ou comptables. Triste présage…
Daniel Rouyer et Stéphane Arrondeau
La maquette d’un vitrail destiné à l’église  de La Bosse, commune nichée dans les confins du Perche Sarthois, Daniel Rouyer l’a sobrement intitulé « Nouvelles Ecritures ». Rien d’administratif et de comptable cette fois-ci. Tout y est poétique : incertitudes, exactitudes... Comme ces peintures rupestres qui nous fascinent encore, font écho en nous, alors même que les codes de ce langage graphique nous demeurent inconnus…
Dans cette maquette, reflet exact de la production de l’artiste, Daniel Rouyer alterne les zones d’écriture noire sur fond blanc, avec des zones franchement colorées. Il est facile d’opposer les unes aux autres. Mais n’est-ce pas, finalement, « l’incarnation » picturale de la nature humaine ? La foi plus belle que Dieu… La certitude matinée de doute. La force frappée du sceau de l’incertitude. Le fil tenu de l’histoire. Une filiation plus spirituelle que charnelle… A moins qu’il ne s’agisse que d’une ponctuation chromatique d’un phrasé imaginaire !
La transposition sur verre de cette maquette s’imposait, telle une évidence. Le travail de Daniel Rouyer s’apparentait à une partition dont un orchestre de petites mains ouvrières devait s’emparer, pour en donner une interprétation la plus juste possible. Demeurer fidèle à l’œuvre initiale, tout en laissant la lumière, par le biais des matériaux, lui conférer une tonalité céleste ! Belle ambition. Dur labeur.
Dès l’origine du projet de création de vitraux contemporains pour l’église de La Bosse (10 vitraux en 17 ans) la réalisation a toujours été confiée à des jeunes de 14 à 17 ans, encadrés par quelques adultes. Certaines difficultés furent récurrentes : formation des jeunes, approbation des autorités administratives et religieuses, financement des différentes tranches de travaux. Pour le vitrail de Daniel Rouyer toutes trouvèrent une issue heureuse, y compris le financement émanent d’un mécénat privé !
La réalisation fut longue et laborieuse, l’artiste  patient et indulgent. La quête de verres spécialement fabriqués pour ce projet réclamait du temps …
Puis vient le moment, toujours émouvant de la pose du vitrail. De la rencontre du verre et de la pierre. Il ne s’agit pas, en l’occurrence, d’une confrontation mais d’un dialogue entre l’œuvre et l’architecture pour, de concert, tutoyer les cieux…



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