Visite d’atelier, 19
décembre 2011.
C’est un homme élégant, élancé et sobre qui nous ouvre les portes de son atelier par un lundi matin froid de décembre. La rue est glaciale, l’homme est chaleureux d’emblée, à ses côtés on se sent bien.
1 L’atelier est une caverne d’Ali Baba, succession de pièces reliées
par des escaliers pentus où sont méticuleusement rangées des dizaines de toiles, toiles
appuyées sagement contre les murs en attente d’être dévoilées par la main du
maître. Tout est prêt pour une matinée extraordinaire dont je sortirai éblouie,
étourdie, épatée dans l’ordinaire et la froideur de la rue Ste Croix.
La jubilation avec laquelle Dominique Rossignol montre ses
œuvres est communicative et contagieuse. On veut tout voir, on lui fait tout
montrer, tout sortir ! On passe de pièce en pièce pour ne rien
rater ! La matinée est magique, le
personnage est enchanteur. Oui j’ai bien envie de l’appeler Merlin
l’enchanteur !
C’est un grand seigneur, un bouillonnant passionné qui parle et qui parle avec une telle chaleur et une telle modestie de son œuvre. Il vit son art comme il en parle, à fond et sans retenue. On sent vibrer la liberté de sa création, l’authenticité de l’homme dans sa démarche, on est touché par l’humilité de la présentation des toiles, comme si tout était banal ou normal. Plus j’avance plus je suis fascinée, plus je suis émerveillée.
C’est un grand seigneur, un bouillonnant passionné qui parle et qui parle avec une telle chaleur et une telle modestie de son œuvre. Il vit son art comme il en parle, à fond et sans retenue. On sent vibrer la liberté de sa création, l’authenticité de l’homme dans sa démarche, on est touché par l’humilité de la présentation des toiles, comme si tout était banal ou normal. Plus j’avance plus je suis fascinée, plus je suis émerveillée.
Le voyage dans l’atelier s’annonce bien, on est emporté.
Mes yeux ne sont pas assez grands.
Le contraste entre la découverte des dernières toiles du
Maître et le rangement méticuleux et maniaque de l’atelier ajoute au mystère du
personnage. L’imagination débordante inscrite au cœur des toiles face à
l’ordonnancement quasi maniaque des outils de travail intrigue.
2 Je jubile parce que c’est la peinture que j’aime, celle du
cœur et de l’âme voyageuse, celle des rêves enfantins et des horizons nouveaux,
peinture sans cesse en mouvement, sans cesse recréée, peinture sans chichis ni
effets de mode loin des clichés et la tendance. Le travail de Dominique
Rossignol est l’expression de la création en marche, les compositions de ces
toiles sont multiples, hétérogènes mais dégagent une telle unité, une telle
logique de composition. C’est une œuvre de longue haleine que l’on sent cent
fois remise sur le métier, un tricotage méticuleux de toiles anciennes et
nouvelles, une recherche constante et probablement douloureuse ou difficile
d’avancer dans l’art. Quelle imagination ! Quel soin dans le recollage des
morceaux ! C’est le puzzle de toute une vie qui s’étale devant nous,
cohérence extraordinaire de rafistolages éparses. Rossignol est le champion du
marouflage ! Le roi de la Récup ! Son œuvre est l’expression libre
d’un homme qui visiblement a fait ce qu’il a voulu. Liberté des gestes, gestes
déliés, pas élancés de l’homme comme ses coups de pinceaux qui débordent
largement de la toile, comme ses coups de ciseaux dans la toile, comme ses
collages fantaisistes. Je ressens la profondeur de la création et l’authenticité
du personnage. Aucune entrave dans sa création, il est inventif et généreux,
audacieux et adroit.
3 Dominique Rossignol est un chevalier, un Conquérant de l’art qui avance sans
peur, un grand guerrier qui ne cache pas ses bagarres avec la toile, ses doutes
sur la validité du résultat, ses allers et retours et valses-hésitations. Son
énergie à soulever de terre les lourds
châssis, comme autant de butins de son long et profond travail est
remarquable. C’est un grand diable qui ouvre ses bras pour embrasser des toiles
anciennes et les révéler à la lumière. Ses toiles sont à sa taille, taille
humaine, l’homme et les châssis se retrouvent, le moment est émouvant. Il les
déploie comme autant de moment de vie, révisions d’un travail acharné. Il les enlève
comme des trophées trop heureux que je m’exclame à chaque découverte
d’un « Oh c’est beau !» ou d’un « oh et celle-là » ou
« oh et la bleu à côté ! » Il s’amuse de ma naïveté et de mon
excitation sans rien laisser paraître dans cette tourbillonnante chasse au
trésor qui me comble et m’émerveille. Avec Rossignol, je suis aux Anges !
4 Oui car il y a du merveilleux dans cette œuvre picaresque.
Combat de titans, débauche de mouvements et coups de pinceaux ravageurs, la
toile est battue, retravaillée, cousue, découpée, recadrée, tronçonnée.
La série récente des cavaliers rappellent la Tapisserie de la
Reine Mathilde, épopée de la conquête de l’Angleterre, épopée qui ne peut que
me parler étant normande et parente bien éloignée d’un conquérant
Guillaume ! Les chevaux ailés sortent de la toile, les cavaliers chevauchent
vaillamment, la fresque est vivante.
C’est une approche picturale de la bande dessinée, l’histoire est racontée et se poursuit. Le spectateur est porté et veut
voir la suite. La jeunesse et la hardiesse de cette peinture est superbe et
entraînante. Ici tout est surprise, on retient son souffle. Il y a du Cervantès
et du Dali dans Rossignol. Il faut une suite et il faut une exposition. Le peintre émet d’ailleurs le
souhait d’exposer ces toiles dans leur continuité. Appel bien reçu… et idée à
transmettre. Que ce vœu soit exhaussé en 2012 !
5 On plonge dans toutes
ses toiles comme on entre dans une histoire. Des épopées lyriques, on passe à
l’imagination débridée et à l’audace des collages. Les toiles plus anciennes
sont composites et révèlent l’acharnement jubilatoire à créer, inventer. Chaque
toile est une page du livre ouvert de sa vie, collection de moments intimes
livrés au regard. lJ’aime me perdre dans
les beaux bleus osés, effleurer les morceaux de dentelles récupérées, les
tissus incrustés, les lambeaux de toiles marouflées. La surprise est totale,
l’imagination débridée et fantasque. on n’ose pas les touchers. Le rangement
obstiné de l’atelier n’est-il pas l’antidote à cette fantaisie insoupçonnée, à cette jolie
folie, à ces actes de désobéissance par rapport à un art convenu et bien
défendu par les institutions ? Ici la toile n’est pas sacralisée, elle est
maitière première à faire du nouveau. On sent que dans l’avancée de l’œuvre, la
conceptualisation disparaît, la retenue s’efface. Les œuvres sortent plus des
entrailles que de l’intellect. Toutes les normes et tous les brouillages qui entravent la
création sont balayés, la création est libérée, l’artiste s’ouvre et s’empresse
à rendre limpide son travail.
6 C’est enfin
l’expression des rêves et de la sensualité qui me portent dans cette œuvre.
L’artiste prend dans ses bras ses toiles comme il le ferait d’une femme, il a
une relation charnelle avec ces morceaux de vie étalés au grand jour. L’émotion
est palpable, la reconnaissance est grande de nous faire partager cette
intimité. Les corps sont partout, inscrits dodus et pleins dans le lin, griffés
énergiquement avec la plume de l’encre, ronds et avenants dans les sculptures
gardiennes des toiles. Les femmes sont en chair et leur beauté crue exposée.
Les courbes des écritures et des dessins esquissés à tous les coins de toile
soulignent à l’envie tout le sens caché du message : la sensualité, le féminin
et la jouissance dans et de la vie.
Quelques travaux à l'ordinateur
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