vendredi 22 novembre 2013

LES ÉCRITURES DE DANIEL ROUYER (Yannick Lefeuvre)


Lire les écritures originelles de la terre, voilà ce à quoi je me sens convié par Daniel Rouyer. Dans ces hiéroglyphes révélés qu'il nous donne à voir, nous cherchons spontanément des signes qui nous parlent... et la question qui surgit est : « Que nous chuchotent-ils ? »
 Ces interrogations nous emmènent directement à la naissance du regard, à l'invention mythique et aux lieux mêmes du sacré.
L'homme-artiste sans s'affoler a pris le temps du regard, la patience du toucher, l'écoute de la vibration. Cela se voit. Il la renifle, la sonde et la goûte avec sagesse et tranquillité. Cela se sent. Il y puise son récit, sa certitude et son souffle. Nous l'entendons
 Mais comment nous accompagne-t-il dans cette magistrale ouverture insoupçonnée du regard ?

Pour nous dire l'en dessus et l'en dessous, il confronte nos perceptions à une hésitation, une opposition voire une contradiction.
 Ce décalage se concrétise par un a-plat de couleur qu'il frotte, confronte et tout bêtement pose contre les plages où les stridences noires et blanches palpitent. Ce mouvement que l'œil effectue d'un espace à l'autre ouvre notre esprit à ces réalités scripturales, rend compte de leur foisonnement et nous approche de l'origine tangible et visuellement mythique de notre monde. Cela s'effectue grâce aux mouvements proposés.

 Peut être notre écriture humaine s'enracine-t-elle là ?

De plus, il nous les présente avec élégance dans un jeu cadré où le ressenti vibrant du somptueux charnel de la couleur révèle ses densités crispées, saccadées, dévastées. Il nous raconte l'instant présent qui lutte contre l'infinie gravité des sous sols anciens. Il les écoute et il y distingue des entités, en différencie les intentions et y décèle même le charnel. A lire ainsi avec lui la merveille de nos origines cachées, on se sent accompagné. Il indique sans souligner, il repère sans insister, il déchiffre sans certitude et ainsi presque naturellement, il nous enracine dans sa vision. Sa présence amicale s'installe dans notre regard. On se sent soutenu dans cette quête difficile.

Il nous apprend ainsi à entendre l'éternité sans en être ni effrayé, ni émerveillé mais avec l'intime conviction que là, il nous mène au cœur du mystère. De plus, dans la ferveur de ses mises en lumière, il nous laisse entendre les mélodies profondes du monde dans ses évidentes polyphonies. Nous en ressortons vivifiés.
Il nous prouve alors, la nécessité du silence pour penser, aimer et vivre, c'est rare !

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