dimanche 14 août 2016

COLINE LOUBER : NOUS SOMMES TOUS DES MIGRANTS (Lucien Ruimy)



Traverser les mers, aller vers un au-delà, à la recherche d’un Eldorado, de nouveaux territoires à conquérir, c’était le rêve des explorateurs.
Aujourd’hui, toujours au péril de leur vie des hommes et des femmes traversent les mers sur des embarcations usées avec l’espoir d’arriver dans un ailleurs où ils pourront vivre un peu mieux des restes qu’ils pourront glaner.
Coline Louber, elle aussi, créer des bateaux à partir des déchets. Elle lance ainsi un pont entre eux et nous. Son univers elle le forme à partir de ce qu’elle ramasse partout où elle va : bois flottés au bord de mer polis, arrondis par la mer ; bois sculptés par le vent, usés par le gel et le soleil ; métaux rouillés, cailloux, graines… Elle cueille, ramasse tout le temps car elle refuse le gaspillage du monde, de ceux qui ont trop face à ceux qui n’ont rien.
Coline leur donne une nouvelle vie personnages agglutinés dans des cités, de « chercheurs d’espoir » agrippés à des bateaux secoués par la mer. On peut rester longtemps à détailler chaque personnage, découvrir ce qui le compose.
Coline Louber a un message, mais elle a aussi un univers, un monde habité par les restes du monde.


vendredi 12 août 2016

DANIEL FAURE : L’EXODE EN NOIR ET BLANC (Lucien Ruimy)



Avant de commencer à peindre, Daniel Faure fait ses gammes : sur des livres de différentes tailles il travaille sa gestuelle à l’encre de chine. Sur chaque page un dessin. Des dessins proches de ceux d’Henri Michaux. Des arabesques qui suggèrent des personnages ou une forme d’écriture particulière, propre à l’artiste. Il y a là comme un rite de mise en condition à la création.
Ces personnages regroupés en foule forment le thème essentiel des œuvres de Daniel Faure : celui de l’exode de foules compactes qui se regroupent pour partir, fuir.

A chaque fois une calligraphie accompagne les exodes comme la trace, la mémoire de ces populations qui fuient vers un avenir qu’elles espèrent meilleur ou tout simplement pour survivre. Car l’écriture est la trace de l’histoire, une histoire qui ne contient que la vérité de celui qui la raconte.
Mais n’est-ce pas là toute l’histoire humaine, des migrations voulues ou contraintes qui ont mélangé les populations du monde. Les humains de Daniel Faure forment un tout compact, une seule humanité.
Quand les personnages s’individualisent, c’est un appel à la réflexion à une introspection.

Quasiment tous les travaux de Daniel Faure sont en noir et blanc, sans doute l’expression de  la sombre histoire humaine.



mardi 9 août 2016

MURIELLE VANHOVE : SURPRENDRE LA FUGACITE (Lucien Ruimy)


Quand j’ai proposé à Murielle d’écrire sur son travail, elle m’a demandé « tu ne me trouves pas conventionnelle ? ». Je l’ai observée pendant deux jours à peindre une toile et si elle part d’une image prise dans un catalogue de mode, donc d’un sujet « convenu » son interprétation artistique ne l’est pas.
Même s’il y a une représentation des corps et des personnages comme idéaux (grands, minces, beaux,…) les canons de la beauté des magazines de papier glacé, Murielle y apporte son mouvement, sa texture. Elle revient sans cesse sur le motif donnant une énergie particulière à sa peinture. Autre particularité ses personnages n’ont pas de visage, ils sont la représentation d’une foule d’anonymes. Ce que chacun d’entre nous est : un parmi la multitude. C’est là aussi l’expression d’un refus de l’isolement d’une volonté de faire partie d’un tout. Mais un tout formaté, c’est là la question ?
Murielle a la capacité de saisir l’instant tout en lui laissant la force du mouvement comme une photographie qui garderait l’image et précédente et la suivante dans un même cliché.
Les  personnages passent ou font une pause, mais la peinture, elle, reste en mouvement à la fois forte et légère elle capte l’instant et elle nous capte.


dimanche 7 août 2016

MÉLANIE VALLET : A LA RECHERCHE DE L’OSMOSE AVEC LA NATURE (Lucien Ruimy)



Mélanie Vallet vit à la campagne, près de chevaux, ils lui apportent un équilibre car ils sont « tout autant force et sensibilité, fougue et douceur, puissance et grâce ». Un reflet d’elle même en quelque sorte.
Ses premiers dessins, ses premières sculptures sont des chevaux.
Mais depuis sont travail s’est concentré sur des « trognes » : des arbres dont le développement a été modifié par l’homme, car taillés, élagués, ils repoussent  de manière explosive sur ces moignons que les tailles ont créés. Preuve évidente de la vitalité de la nature, de sa capacité à se régénérer.
Une leçon de vie pour l’humanité, pour tous ceux que la vie agresse, on a toujours en nous la force de repartir.  
C’est ce qui touche Mélanie, ce qui l’amène vers un imaginaire, une émotion que lui ont transmis ces arbres, leur force tellurique. La figuration, la répétition du motif sont secondaires ce qui compte c’est l’émotion transmise par le sujet qu’elle transcende par la peinture.
Elle a aussi un travail de sculptures, des bouts de branches qui la mèneront vers une installation…
Le travail de Mélanie Vallet et de puiser dans la nature la force pour aller de l’avant. Elle nous dit nous cassons, nous détruisons mais attention c’est notre bien commun alors à nous de le préserver.